JACQUES LACAN ET QUINQUIN-LA-FLOTTE – Par Jacques-Allain, mille errent…

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PRÉSENTATION

« Je n’éclaire mes ombres qu’à la lumière de mon fantasme »

Le vivre en le sachant ou le pratiquer en l’ignorant, voilà pour le psychanalyste, la ligne menant de la possible éthique à l’imposture certaine.

Le savoir que j’évoque est celui de l’analyste qui s’avance désormais en en « sachant un bout » sur son inconscient.

Ce bout qui vient faire coin à la pratique de l’ignorant. Non pas qu’il n’ait pas des connaissances, l’ignorant, mais qu’elles travaillent toutes à le maintenir à une certaine distance de son savoir.

Il en impose d’autant ! Rien d’étonnant à cela puisque cette distance est celle du savant qu’il se targue d’être, à preuve, de prendre ses appuis sur une prophylaxie de la béance qui le justifie, quand l’analyste les mise sur le désir que cette béance motive.

C’est à la différence de la première proposition de cette veine « résolutive », par laquelle pourrait s’avancer par exemple « A chacun sa chacune », que se constatera non sans délétère que « A Jacques-Allain sa Lacune ».

J’écris ces quelques lignes après en avoir terminé avec le texte qui suit, « Jacques Lacan et Quinquin-La-Flotte », texte qui précède celui qui viendra en son temps sinon l’éclairer du moins le compléter à défaut de le combler.

Avant cela donc je propose qu’à l’insu mortifère qui se livre à la lecture du livre de Claude Dorgeuille « La seconde mort de Jacques Lacan » vienne faire matière d’issue « Les deux morts de Quinquin-La-Flotte ».

C’est ainsi que, même si ce n’est pas l’essentiel de ce que j’avance ci-dessous, à parcourir le livre de Jorge Amado vous constaterez la chose suivante : si le gendre y est envisagé avec un autre regard ça n’est qu’à condition.

A travailler celui de Claude Dorgeuille vous saisirez que depuis 1981 celle-ci n’a jamais réellement été tenue.

Et pour Cause, Freudienne.

Paris, le 11- 09 – 2019

JACQUES LACAN ET QUINQUIN-LA-FLOTTE

Par Jacques-Allain, mille errent…

Comment en suis-je arrivé à découvrir l’existence du livre de Claude Dorgeuille « La seconde mort de Jacques Lacan » (1) ? Je remonterai, plus avant dans mon exposé, le fil de ce que je peux qualifier en cette occurrence d’heureux évènement.

Mais avant cela une chose est sûre, c’est par l’intermédiaire de l’un de mes élèves de Taï Chi, Jacques Froment (2), que j’ai pu mettre la main sur celui de Jorge Amado « Les deux morts de Quinquin-La-Flotte » (3). Le balayage de sa bibliothèque d’un regard et puis ce titre qui m’arrête, évidemment, et vient me chercher à l’endroit de ce que la luxuriance de l’équateur et des tropiques vient faire vibrer dans mon corps et chatoyer dans malangue.

Le tiers-monde qui s’en tient à son tiers, salvateur, de reconnaitre aux mots leurs liens aux corps qu’ils habitent, corps alors transfilés entre eux par la grâce et les heurts des errances de ce que ces liens impliquent. Ainsi Quinquin-La-Flotte, le surnom qui porte bien son nom, cisèle la réalité de celui qu’il désigne, relève la clairvoyance de ceux qui l’ont promu tel et file la tresse nouant ceux-ci à celui-là et les uns aux autres.

A lire ce livre, vous découvrirez que si peut se dire de Quinquin-La-Flotte qu’il aura eu deux morts c’est à la condition, réalisée de son vivant, de s’être accordé à une deuxième vie. Truculence de la trame et chair du verbe qui nous la délivre, à déguster aussi explosive que douce à la fois, que Roger Bastide, dans sa préface éclairée, tellement qu’elle parvient à nous rappeler le temps où l’érudition pouvait encore témoigner de l’ombre, place dans notre assiette les plats typiques de Salvador de Bahia.

Des plats aux saveurs dionysiaques dosées à hauteur de ce que les bouches qui les ingèrent peuvent rendre en paroles des vies qui nous sont présentées et que Bastide, avec une douce obstination guerrière, oriente à notre intention de part et d’autre de lignes dont nous sommes censés ne rien connaître mais qu’il nous révèle familières et terre commune ignorée en décrivant combien elles forgent les tensions auxquels devront s’affronter ceux qui de part et d’autre s’en répartissent.

ORDEM E PROGRESSO. Le tressage de ce Brésil est ainsi avancé double et se dédoublant encore et encore, narré, historisé, poétisé, sociologisé, délinéant en creux le seul fil commun faisant lien à ces frontières, leur invisible. C’est cet ordem là que Bastide nous livre. Un rhizome fait de candomblé, de révolution industrielle, de langage ordonné, de moiteur calorifère, de pigments de peaux, de saveurs et de carcans suintant, dont Jorge Amado et Quinquin-La-Flotte font résorption en une césure unique, ce qui peut- être lui confère son altier, placée sur l’étal de nos aiguillages.

Mais peu de palais agréent à la carte de la boustifaille courageuse et tout le monde ne s’accorde pas à digérer, comme Eddie Anderson (4), l’arbre qu’il dû mâchurer après le surgissement de la main invisible sur le volant de sa voiture. Celui-là de surgissement qu’il s’agit tout de même de distinguer pour pouvoir ensuite le reconnaître sien et s’en montrer dignitaire. Pour Amado notons qu’il n’apparait pas n’importe où et que c’est à Bahia de tous les saints qu’il le figure.

Parlant de saints, placer qu’effectivement, si le psychanalyste, contrairement au saint, ne fait pas la charité mais décharite (5), c’est de savoir, par exemple, pour y être passé, que contrairement au traitement univoque que dicte la vulgate, une bouteille à la mer à autant son prix – son mot à dire – pour celui qui la repère et la récupère que pour celui qui l’y aura postée. Un autant qui, même, se majore à découvrir que c’est de ne recéler en réalité aucune demande que cette bouteille se livre comme un trésor.

Ainsi en est il de l’extraordinaire ouvrage de Claude Dorgeuille, « La seconde mort de Jacques Lacan », paru en 1981. Avec un différentiel, qu’il va s’agir d’investir, entre ce qui se livre comme un trésor et le fait de considérer ce livre comme un trésor.

Comme entendu dire récemment lors d’un échange à se sujet, il suffit juste de se baisser. Oui, ou non. C’est ce différentiel qui se résume en une question, comment se peut il que si peu de psychanalystes l’aient lu ? Autrement dit, manifestement, ce trésor disponible, parcouru ou pas, n’est ni parlé ni travaillé. Pour y appuyer, le dire crûment, et ce en vertu de quoi que ce soit qui nous amène à en faire le constat, il est tu.

Constat que la plume qui glisserait sans lest autre que l’onguent humaniste qualifierait naturellement d’amer. Lestée qu’est la mienne par accès à la chiennerie du parlêtre, il se fera – je gage cela sans risque à le présumer sans peine, c’est à dire sans ni difficulté ni affliction – déchirant. Cela quand bien même les chairs auxquelles il viendrait faire stigmate sont déjà et infemmée et inhommées, depuis près d’un demi siècle.

Ce qui laisse augurer du peu de cas qu’apparemment font du sol où ils posent leurs pieds ceux qui pourtant parcourent des kilomètres pour, à ces chairs, venir s’y frotter tout en paraissant ne pas s’y piquer. Un semblant qui manifeste en réalité très précisément ce par quoi ils tiennent, comme à la prunelle de leurs yeux, à la pantalonnade abjecte dont ils sont les hérauts retournés. C’est à dire les portes drapeaux bernés.

Ce « ce par quoi » est la veulerie. A entendre ici – concomitamment au sens courant qui présente la chose comme étant le fait de n’avoir aucune énergie et de tirer les fils de la mollesse, de la lâcheté et de la faiblesse – comme étant un surgeon inaccordé à la ligne menant de la demande au désir.

Surgeon, voie crasse ouverte par le confort apparent de l’économie, de l’évitement de ce que jusqu’alors l’on désignait du terme de castration. Cette voie et la politique – unique d’être typifiée – qui l’anime appelons-les le veuloir.

Restons un instant encore sur le qualificatif de veule qui, au plus ancien de ce que l’étymologie lui fait dire, ressort de la main vide, du vain et du futile comme le vent, pour faire passerelle avec ce que, dans le registre que nous parcourons, de politique a l’inconscient. Politique politichienne manifestement, dés lors que l’enjeu – typifié d’être unifié – serait, à titre individuel ou collectif, de faire partie de la communauté instituée en en institutionnalisant pour cela ceux qui se sont élevés au rang d’en être les bords, incontournables autant qu’inaliénables.

Infatuation de la pavane armant les suffisances dont se targuent les tenants-lieux, tenanciers, tout au moins, de ces a-bords.

La validation réciproque, quitus en monnaie de singeries, n’a de vertu, dans ces conditions, que de faire passer du surgeon au pignon, sur rue bien entendu. Pignon qui, suivant l’équivoque du terme, pourra alors faire l’objet d’une becquée à laquelle viendront se nourrir les pigeons, dont le gras fera, en retour, l’assaisonnement du chou fade qui les aura nourri et qu’ils auront alimenté.

Si cela dit encore quelque chose à quelques uns, ce circuit endogène est bien celui d’un « discours » qui « fonctionne tout seul » au sujet duquel Claude Dorgeuille – surprise, honnêteté, courage, ouverture – nous offre la possibilité, mais encore, nous convoque au rendez-vous d’en relever la marque originale. Celle d’être, ce sont mes termes, un certain discours psychanalytique imposté là où nous nous serions attendu à reconnaître la patte nouée du « discours » capitaliste.

C’est précisément au rendu de la lecture de cet imposté, littéralement exposé lettre après lettres dans son livre, que pourrait se réaliser pour chacun d’entre nous et chacun pour soi la manifestation de ce sur quoi aura pris appui sa propre formation.

Pour le « pignonage« , cette manifestation est traduisible uniquement, c’est la sanction, via le psittacisme. Seul « psi » qui satisfasse à l’intraprédation ontologique faisant loi au royaume des claquements de becs. A sa frontière risquons nous aussi une becquée, « Rousselienne » celle-la, (6) en avançant que l’intraprédation est une peste qui satisfait à l’entreprise de cette parure à perlimpure qui n’ se tarie que du beau-père faire Lear (7).

La seconde mort de Jacques Lacan met son sujet à la disposition du notre en nous livrant ce qui, lors de la parenthèse allant d’octobre 1980 à juin 1981 et depuis elle, aura permis de produire et le gras du pigeon et celui du pignon. Appelons cela tout simplement la valeur ajoutée de la Suffisance (8).

Le livre de Claude Dorgeuille, moins adipeux sans être sec et nettement plus riche sans être clinquant, est ainsi composé :

Chapitre 1 – Adresse – page 9.

Chapitre 2 – Mise en place – page 13.

Chapitre 3 – Les textes et les évènements – page 27.

Chronologie des textes diffusés d’octobre 1980 à juin 1981 – page 149.

Chapitre 4 – En guise de conclusion provisoire – page 159.

Au commencement du deuxième chapitre, l’auteur (9) manifeste l’importance de faire une distinction entre la dissolution de l’Ecole Freudienne et la crise concomitante qu’il précise être le sujet de son livre, « Quant à la dissolution, nous nous limiterons à en rappeler les diverses phases pour permettre au lecteur de saisir comment la crise, objet de la présente mise au point, en prend la suite immédiate et comment elle s’en distingue fondamentalement. »

Je pose d’emblée ce point de discernement avant d’en revenir à la toute fin de son premier chapitre, Adresse, où il s’avance et resserre son propos en écrivant déjà, à propos de cette crise, « politique au sens propre et rien que cela », qu' »elle aura fait surgir bien des éléments agissants tout autant que méconnus. »

A la suite de quoi je place enfin ici les dernières phrases de son ouverture qui sonneront comme un avertissement faisant ligne éthique à l’Adresse de ceux qui décideront de se lancer dans la lecture des documents qu’il leur propose. « Il nous a semblé impossible de garder pour nous le secret de tels agissements. Que ceux qui s’associeront dorénavant aux quelques personnes associés dans cette opération sachent simplement à qui ils ont à faire. Libre à eux d’assumer alors les conséquences d’un choix à propos duquel ils ne pourront plus évoquer l’ignorance. »

Son recueil présente les évènements ayant parcouru successivement L’École Freudienne de Paris, puis La cause et enfin l’École de la cause Freudienne entre octobre 1980 et juin 1981. Recueil, c’est le terme puisqu’il fait se suivre chronologiquement, à l’adresse de ceux qui en supporteront la lecture, les lettres écrites et échangées entre les différents protagonistes tout du long de cette période.

Durant celle-ci il s’agira pour les uns de devenir ce qu’ils sont devenus. Des mirages, autant silencieux et factieux alors dans le discours avec ceux qui tentèrent d’y échanger avec eux, que verbeux et factieux derechef depuis dans leurs tours-d’y-rien-voir et de passe-passe autant.

Quant aux autres, hors les champs stériles où s’épandent jusqu’à aujourd’hui encore les poses affectées des factotum du factice que nous venons d’évoquer, il sera pour eux question, réponse autant, de maintenir accès au lieu de la possibilité d’advenir à l’aura fallu en préservant l’accès au fertile qui y est nécessaire.

Ce qui ramène directement à la question posée à l’entame de mon propos, comment en suis-je arrivé à découvrir l’existence du livre de Claude Dorgeuille « La seconde mort de Jacques Lacan » ? Et bien tout d’abord, pratiquement, suite à la lecture d’un article de Martine Lerude lui rendant hommage à l’occasion de son décès en 2009, lecture qui m’amena à découvrir cet article écrit par lui en 2007, La dissolution de l’École freudienne de Paris (10).

Ensuite, s’agissant de ce par quoi cette découverte est advenue, au fond, c’est le choix que je fais d’en soutenir ainsi la réponse, c’est par le biais d’un constat du type de ceux dont je dois dire que je suis coutumier s’il s’agit de considérer leurs caractères inédits alors qu’évidents (11). Concernant notre affaire du jour, celui de constat, donc, que Jacques-Allain Miller est un beauf.

Le mot précède ici un temps la chose puisqu’il m’aura fallu réaliser, discerner, que le beauf qui me venait à l’esprit n’était pas le beauf chanté par Renaud, en 1981, le beau-frère, même si il fut la porte d’accès au beauf qui me chaut aujourd’hui, celui désignant le beau-fils. Sachant que l’esprit du premier peut parfois se rabattre sur celui du second (12) (13).

C’est ce statut de beauf, déterminant, que je travaillerai dans le texte à venir, qui fera complément, voire développement, au présent. En attendant, si est déjà apparu ici le terme de « pantalonnade » ce ne sera pas trahir un secret – surtout quand a été évoqué quelques lignes plus haut le parfois inédit alors qu’évident de ce sur quoi se porte mon regard, de poser que Jacques-Allain Miller revêt absolument tous les traits du Polichinelle de la Comedia d’elle Arte.

Il n’y a en effet que le Polichinelle pour être imprégné de la croyance que la dite chiennerie du parlêtre n’a que la politique politichienne comme canal d’expression. Corollaire, l’impuissance à toucher à l’assujetti – condition de l’expression du désir – qui exsude du moindre de ses propos en fait témoignage. Empêtrement du tout puissant « tireur de ficelles » qui s’en désigne n’être qu’un Polichinelle dans son propre tiroir, enfant inavoué de son désir d’être ficelé par ce que celui-ci a d’inabouti.

Cela que désigne par un autre de ses ailleurs, en typographie, le terme « polichinelle », soit la représentation réduite, ou à l’échelle, d’un document comportant textes, images et illustrations mis en pages. Ce document permet de visualiser l’aspect final de l’ouvrage avant de passer à l’étape de production. Définition qui en creux manifeste joliment la délinéation entre parvenir à et être (un) parvenu.

Concernant Jacques-Allain Miller chacun pourra en effet saisir que sa représentation de l’oeuvre de Lacan se sera toujours située à l’échelle minorée de l’originale, de ne pouvoir d’autant moins s’y saisir que d’essayer d’autant plus de s’y coincer (14). Ressort qui active le caractère marchand de la représentation qu’il aura mené de sa production. Précisément, parlant d’œuvre, de n’en être pas une.

Oui, Polichinelle parlait à qui voulait l’entendre en plus d’être menteur et parfois cruel. Cruauté qui jamais ne parviendra à combler l’effet que je disais plus haut être le déchirant du constat de ce qui la motive. Constat que je délivre, simple, comme suit. Parlant de représentation, l’ambassade de Jacques-Allain Miller est celle de son propre semblant, mais ici, pour lui est la coutume, « semblant » à entendre menterie, où se loge la fiction du passage de ses vorstellung-repräsentanz.

La diffusion de cette fiction se décante et se livre sans fard, comme vous pourrez vous en rendre compte, à la lecture de ce dont témoignent les documents mis à la disposition de tous dans l’ouvrage de Claude Dorgeuille.

A la juste jonction de sa formation de « Supérieur Normal » et de psychanalysant refusé par Jacques Lacan, la mascarade censée habiller ce passage le ravale alors, quelle avancée, au rang d’impasseur, ce de siéger au lieu de l’habillage de ses propres signifiants insignifiés. Ce qui révèle alors son ambassade être sans attache autre que l’inassujetti pour accès au mésignifiant.

Ceci étant acté, nous allons pouvoir revenir un instant sur le Brésil de Quinquin-La-Flotte. Et plus précisément sur son drapeau – ambassade – à propos duquel je présume, voire gage, que la grande majorité de ceux qui suivent mon fil ne voient pas une partie essentielle de ce qui y est représenté et, de là, ce que représente cette représentation.

Chacun reconnaitra le fond vert sur lequel se détache un losange jaune où vient se poser une sphère bleue barrée par un bandeau blanc supportant la devise nationale, ORDEM E PROGRESSO et quelques uns, déjà plus rares, complèteront ce tableau de points blancs situés, à l’exception de l’un d’entre eux, sur la partie inférieure de la sphère.

Mais combien peuvent dire que ces points blancs sont les étoiles de constellations effectives, aux coordonnées respectées, et que chacune représente l’un des 26 États fédérés du pays et la dernière le district fédéral (15) ? Oui, la sphère était originairement armillaire et dans ce champ, celui du céleste, l’on sait que la constellation s’aborde d’autant mieux d’être considérée comme étant une représentation.

Représentation et armillaire qui nous amènent, pour conclure, au sous-titre de cet article, Par Jacques-Allain, mille errent… Dans le livre de Claude Dorgeuille, vous le découvrirez à la lecture, « les mille » qui se seraient adressés à Jacques Lacan et auxquels il aurait répondu le 21 janvier 1980, « les milles«  reviennent sans cesse, encore et encore, membres fantômes d’une confrérie auxquels l’on ne saurait quelle consistance, inconsistance autant du coup, accorder du fait même de leur nomination.

Leur errance devrait être sujette à questions – Êtes-vous des leurs et sont-ils leurres ? – afin que la réponse apportée par chacun fasse caution tranchante aux postures qui, à partir de l’évocation de ces fantômes, ont été soutenues.

Ainsi, Par Jacques-Allain, mille errent… ouvre à la réalité que s’il n’y a toujours eu qu’un pas – pas celui de Calais mais celui de Clairefontaine (16) – de Lacan à lacanaille, il prend désormais la courbure et l’allant de celui menant du nom du père y mettant du sien à l’inconsistance du pire qui s’en diffuse, d’y trouver rampe à le désigner beau-pire.

Et pourquoi pas ?! Quoi qu’il en soit et comme toujours, libre à ceux, pour reprendre les termes de Claude Dorgeuille, qui s’aventureront dans cette parenthèse, à la mesure du pas qu’ils supporteront, de s’engager à sy réeliser sujet.

Où et quand

L’en gage s’y passe sur la ligne du jet de son su .

Jean-Thibaut Fouletier, Août 2019

NOTES

1 – Georges Dorgeuille, La seconde mort de Jacques Lacan , Histoire d’une crise octobre 1980 – juin 1981 – Actualité Freudienne, 1981. Livre publié à compte d’auteur.

2 – Jacques Froment, ancien rédacteur en chef de la rubrique Amérique du Nord à Courrier International.

3 – Jorge Amado, Les deux morts de Quinquin-La-Flotte – Bibliothèque cosmopolite Stock , 1971.

4 – Elia Kazan, L’arrangement – 1967.

5 – Cf. Jacques Lacan, Télévision – Question 17.

6 – Raymond Roussel, Comment j’ai écrit certains de mes livres – Librairie Alphonse Lemerre, 1935.

7 – Cf. Jacques Lacan, Télévision – Question 24 : » L’interprétation doit être preste pour satisfaire à l’entreprêt, de ce qui perdure de perte pure à ce qui ne parie que du père au pire. »

8 – Jacques Lacan, Écrits, Situation de la psychanalyse en 1956, Éditions du Seuil. Le terme de Suffisance y est introduit page 475.

9 – Je ne manquerai pas de faire, dans le texte à venir un développement sur un « bon mot » de Jacques Allain Miller à partir du terme « auteur ».

10 – Martine Lerude , Claude Dorgeuille 1929 – 2009 – La revus Lacanienne 2009/2(n°4) pages 93 à 95.

Claude Dorgeuille, La dissolution de l’École freudienne de Paris – La revue Lacanienne 2007/1(n°1) pages 90 à 94.

11 – C’est dire, en passant, d’expérience, le socle constitué des non-recevoir, nécessaires et pourtant temporaires qui leur sont opposés. Non recevoir justifiés uniquement par le fait qu’il s’agit en aucun cas de demande de ma part.

En matière d’exemples :

Jean-Thibaut Fouletier, Signorelli de l’oùbli du nom au Nom dupé – Les Discrets-Dits, 2019 et Jean-Thibaut Fouletier, Place Analytique : Depuis Signorelli.

12 – Il m’aura fallu également, avant de développer ma réflexion, faire un détour par l’acronyme BOF. Je ne reviendrai pas ici sur les relents péjoratifs qui en ressortent même si leurs développements, au regard de ce que je développe, pourraient ne pas manquer de piquant, surtout concernant ceux que l’on peut aisément qualifier de pique-assiettes à l’époque des évènements, que ce soit durant la seconde guerre mondiale ou durant la crise qui nous intéresse.

13 – Dans la même veine, Solal, mon fils de 12 ans, me rapporta en riant un mot de son cousin qui lui avait expliqué que dans sa ville on appelait les « racailles » « les rats ». Comme il ne voyait pas plus loin que son joli petit nez je lui racontais comment les rats avaient désigné, à une époque et dans un certains milieux, les maghrébins et français d’origine maghrébine, et combien la bonne blague qu’il me racontait était une véritable queue de poisson de l’Histoire à sa petite histoire. Puisque l’Histoire est un restaurant où les plats se sustentent de l’ignorance de ceux qui pensent les commander.

14 – Pour étayer la chose, évoquons le séminaire XI, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyses. Ce titre fait inscription première pour chacun d’entre nous, alors qu’il ne s’est jamais agi pour Jacques Lacan de porter des concepts, figés, mais de s’en tenir au maintien de l’ouverture inhérente à toute recherche structurée par la logique du signifiant. C’est ainsi que le titre qu’il avait initié pour son séminaire était Les fondements de la psychanalyse. (A suivre).

15 – Leur disposition sur le drapeau correspond à l’aspect du ciel de Rio de Janeiro le 15 novembre 1889, à 8h30, heure de la proclamation de la République.

16 – L’explicitation de cette allusion précise sera présentée, n’en doutez pas, dans le texte à venir.

Pour accompagner la digestion de ce que vous venez de lire, je vous propose l’écoute de ces deux chansons.

The JAM : A town called malice

Gilberto Gil : Toda menina Baiana