La conduite de la nécessité




Introduction à l’intervention de Graciela Prieto,  Vibration de l’âme à tiers topologique, intervention de la onzième séance de Place Analytique que vous pourrez retrouver sur le Drive à la rubrique Ce qui s’écrit. 


LA CONDUITE DE LA NÉCESSITE

Lorsque Graciela Prieto a transmis aux responsables actuels de Place Analytique l’argument de son intervention de ce soir afin que nous en prenions connaissance et que nous puissions le transmettre à travers les différents courriels d’information, j’ai été accroché par l’expression la nécessité qui conduit Lacan. L’utilisation du présent simple, conduit, plutôt que le passé simple conduisit.

Sans doute du fait de mon quotidien qui m’amène à côtoyer des personnes dont la langue française n’est pas la langue dite maternelle, je me suis demandé si cette tournure était ou non une petite boiterie. Puis, de fil en aiguille, j’en suis arrivé à la conclusion que c’était un choix. Un choix qui pour ma part m’avait fait passer - suite logique de temporalité - par le présent simple, le passé simple, puis la possibilité du présent continu.

Présent continu qui pourtant ne passe pas ici puisque le présent continu est uniquement amené par l’expression en train de, laquelle expression, utilisée un jour devant un natif de Chine de mes connaissances lui fit perdre le fil de la conversation en cours. Il me dit en effet après coup qu’il imagina alors que son interlocuteur parlait soudainement de voyage… en train de

Si ce n’est le présent continu, ce sera un troisième temps présent, le temps tiers, ouvert par le fait que la nécessité qui soutient Lacan est celle que lui a soutenu, celle du qui ne cesse.

Fait de structure auquel viendra peut-être faire échos l’âme à tiers dont Graciela va nous entretenir ce soir. L’âme à tiers, qui résonne, elle, avec le front tiers que j’ai utilisé récemment pour passer de la frontière - faisant répartition de part et d’autre de sa ligne à partir d’une commune mesure - à une mesure qui ne fait communauté qu’à soutenir l’espace du différentiel.

Cet espace pour le coup est fibré par par la rature dont parle Lacan dans ce bref passage de Lituraterre, je cite,

Produire la rature seule, définitive, c’est ça l’exploit de la calligraphie. Vous mettrez très longtemps à trouver de quel nature ça s’attaque et de quel suspens ça s’arrête de sorte que ce que vous ferez sera lamentable, c’est sans espoir pour un occidenté. Il faut un train différent qui ne s’attrape qu’à vous détacher de quoi que ce soit qui vous raye. Entre centre et absence, entre savoir et jouissance, il y a littoral qui ne vire au littéral qu’à ce que ce virage vous puissiez le prendre le même à tout instant. C’est de ça seulement que vous pouvez vous tenir pour un agent qui le soutienne.

Alors, oui, un espace entre, le n’espace par lequel le virage à prendre soit le même à tout instant, à condition d’une conduite dont le caractère nécessaire, de nouement à dénouement, n’est inscriptible que par le maniement, au présent-pas-si-simple, du nœud borroméen.

J-T Fouletier
Paris, le 12/10/2020