Rebonds (Texte publié au lendemain d’un séminaire de Patrick Valas)

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Note : ce texte a été initialement posté sur Facebook le 18/05/2020

Fin d’analyse – 2010 – Pastels grasses – 40/40 cm – JTF

Bonjour

voici les deux premières des trois remarques que je me suis faites hier dimanche 17/05/2020 durant le séminaire de Patrick Valas « Devenir psychanalyste et le rester » sur l’application internet « Zoom ». Elles ont alimenté les quelques réflexions que je vous présente.

Les propos que je prête à Patrick Valas sont une retranscription de ce qui me reste de ce que j’ai entendu alors. Ils sont évidemment sujet à caution.

1ère remarque : Lors de son intervention Patrick Valas a rappelé que le Discours Analytique est le seul qui permette au sujet de récupérer sa mise et que les tenants du « Discours Capitaliste » ont très bien discerné cela qui fait qu’il n’est pas dans leur petits papiers.

J’ai alors fait part de ma réflexion qui est la suivante. Si Lacan a souligné le fait que le « Discours Capitaliste » était « vachement réussi » c’était pour nous signaler qu’il consume tout. Je place ici l’image du trou noir qui aspire les objets qui passent à la portée de son attraction fatale. Il consomme. Mais alors, puisque l’on sait qu’il est ainsi « sans pitié » – non pas que ce soit sa morale qui le diligente ainsi, il en a pas, mais plutôt son rapport à la structure des quatre autres puisque le concernant la question reste posée de savoir si lui en a une – comment se fait il qu’il laisse aller le Discours Analytique sans l’éradiquer ?

Patrick Valas s’est positionné en répondant que le Discours Analytique était en réalité une pécadille au yeux du « Discours Capitaliste » et que ce dernier n’en avait absolument rien à faire. Il y a peu j’ai écrit un petit texte (https://tybolt.fr/noli-me-tangere-ne-me-touche-pas-asterix-…/) dans lequel j’évoque le rapport du petit village gaulois d’Astérix face à l’Empire romain en soulignant que pour le coup c’est un fait de toujours, si ce n’est de structure, que l’infime différence imputée à qui que ce soit est absolument nécessaire à l’Empire ou à la Nation expansionniste pour parvenir à ses fins. Le fin de la fin, grossier si je puis dire, étant pour la grosse armada de maintenir a minima le caillou dans la chaussure nécessaire à alimenter son discours. Nous savons qu’en « Réelité » elle n’a pas le choix.

En passant, pour autant, au regard du singulier, du sujet, la différence n’est pas un titre.

Suite à ma remarque Franck Ancel a transmis la réflexion d’une participante au séminaire précisant qu’il ne fallait pas confondre le « Discours Capitaliste » et ceux qui s’y inscrivent. Je souscris d’autant plus à ce discernement que c’est là qu’à mes yeux vient prendre place le « pesteux » à propos duquel nous avons aussi longuement débattu.

S’il fallait donner une définition du discours pesteux qu’il s’agirait de tenir à l’endroit du « Discours Capitaliste » pour qu’il sy introduise celle-ci tiendrait en en seul mot : différentiel. Les affidés du « Discours Capitaliste » y sont collés de ce qu’il n’en soit pas véritablement un, cf. le mathème ou il y a pas d’impossible figuré, ce qui fait qu’ils n’ont pas les moyens (!) de se poser la moindre question digne de ce nom pour s’en dépêtrer. A la différence de quoi c’est le cas de le dire, le Discours Analytique peut, lui, ne pas confondre tel ou tel sujet au discours qu’il tient et qui le tient.

Je cite alors ici Patrick Valas, « Quant au désir de l’analyste il ne peut se supporter que de la différence absolue, ce n’est pas non plus un désir pur, tout en n’étant pas au service du bien ».

Oui, où il y a de la différence, c’est à dire du sujet, il y a la peste pour le Discours Capitaliste ». Voire du pestilentiel dont l’odeur de soufre annonce le discours diabolique quand la diabole honnie permettrait la déliaison des nœuds d’intérêts factices. Ceux que l’ont retrouvent dans la moindre institution et qui se reconnaissent entre autres choses au fait de la tonalité communiante qu’ils y confèrent.

Alors que, pourrait on dire crûment, le S qui fait liaison entre le pesteux et le péteux rappelle que la tenue de chaque sujet est de lier son honneur à hauteur de l’odeur de son discours. Supporter cela dans les proportions et les modalités propres à chacun étant bien entendu l’une des composantes de son parfum.

2ème remarque :
Lors de son intervention Patrick Valas a ensuite évoqué les différentes permutation des catégories du symbolique de l’imaginaire et du réel en en spécifiant le registre. La science s’écrira SIR de Symboliser les Images qu’elle se donne du Réel, IRS pour la psychanalyse qui Imagine ce qui du Réel peut se Symboliser et enfin RSI pour la religion qui Réalise ce qui du Symbolique peut s’Imaginer. Le nouage borroméen faisant figure commune à ces trois inscriptions.

Indépendamment de ce qui s’est dit alors m’est revenu ce que j’avais déjà évoqué dans un texte il y a deux ans (https://tybolt.fr/depuis-signorelli/). A savoir ceci, tenu pour acquis, que le nœud borroméen est… « borroméen ». Passé le temps de l’évidence, qui a toujours cette qualité de faire tenir pour acquis ce qui précisément ne l’a pas toujours été, autant que, dans le même temps, de passer sous silence ce qu’il aura fallu pour y parvenir, je me suis interrogé sur cette trinité, une alliance de trois noms mis sur le même plan, se soldant par le fait que si le symbole est resté, deux des trois noms concernés ont disparus des tablettes. Je suis saisi par l’orientation que l’oubli, le refoulement, donne à la chose. Personne en effet ne se soucie de savoir quels étaient les deux autres noms et a fortiori ne s’en souvient. Sforza et Visconti en l’occurrence.

Il me semble que la question n’est pas que ce type de nouage ait existé avant l’alliance des trois familles ni de ramener à la mémoire collective les deux noms cités plus haut. Par contre, dans ce cas précis, mon interrogation porte – et de là se reporte – sur le statut du nom qui demeure, à condition – en tous cas dans les conditions – de l’effacement. Au nom de qu(o)i ?

Je n’ai pas encore travaillé cette question mais peut-être rejoindra-t elle l’interrogation de Lacan à propos du 4ème terme du nouage lorsqu’il se demandait si celui-ci était la condition ou bien le résultat de la relation entre les trois autre?

Voilà pour deux premiers rebonds.

Jean-Thibaut Fouletier le Le 18/05/2020