Place Analytique – Présentation – L’effraction du « désir psychanalytique » au fur du sujet contemporain
Je vous présente l’intervention que j’ai produite dans le cadre de Place Analytique le 23/09/2024. Place Analytique est un dispositif par lequel celles et ceux qui sont intéressés par l’inconscient – psychanalystes ou non – viennent échanger une fois par mois à partir d’une présentation élaborée depuis le thème de l’année. Pour 2025 le thème est En tous cas le désir…
Voici l’argument que j’ai proposé :
Argument :
Notre thème de l’année, En tous cas le désir…, est suivi de points de suspensions… qui laissent à désirer. Laquelle expression, comme le veut l’usage, laisse entendre que la chose est insuffisante.
Chose plus inhabituelle – c’est l’ouverture de Place Analytique – j’y entends, moi, opportunité à saisir.
Je la saisis donc au travers de cette proposition, L’effraction du « désir psychanalytique » au fur du sujet contemporain, que j’ouvrirai à la façon de Raymond Rousselle.
De Lacan à Freud en passant par Jean Clavreul, Françoise Dolto et bien d’autres, il sera question de regards posés sur un certain désir au statut soumis à fluctuations. Nous tâcherons pourtant d’en saisir quelques points, sinon de résolution, du moins de constance, pour repérages dans notre pratique.
Notamment en évoquant – parmi d’autres œuvres – le film Meurtre dans un jardin anglais que vous pourrez peut-être visionner d’ici à notre rendez-vous du lundi 5 mai.
En tous cas le désir…
L’EFFRACTION DU « DÉSIR PSYCHANALYTIQUE »
AU FUR DU SUJET CONTEMPORAIN*
* Les parties entre parenthèses n’ont pas été citées durant la présentation.
INTRODUCTION
Si je sais, et si l’on tous censé savoir ici ce qui soutient notre travail de cette année à Place Analytique, en l’occurence le cheminement de notre travail en commun, celui qui nous amènent à nous pencher cette année donc sur le thème que nous avons circonscrit en le nommant « En tous cas le désir… », et bien cette fois-ci, au moment de me placer devant le métier à tisser qui rendra mon ouvrage, je ne sais ni ce qui en sortira – c’est ma pratique habituelle – ni – et c’est là pour moi la nouveauté – ce qui aura été au fondement de la formulation de ma présentation du jour. C’est un insu-que-saitbien sûr dont le rendu, à venir, ne fait que prendre appel ce soir pour devoir être livré seulement dans les mois à venir dans une prochaine émission de radio.
Une prise d’appel, des propositions à developper donc, après avoir constaté, depuis plusieurs mois que la formule que nous soutenons à Place Analytique laisse, à mes yeux, le travail opportunément lancé à chaque intervention dans une forme de suspension concernant la suite qui lui est donnée. Autrement dit je m’en satisfais sans m’en contenter.
Alors dans le moment qui vient je vais tout d’abord reprendre terme à terme, mais dans l’ordre de mon choix les différents jalons posés dans ce titre L’effraction du désir psychanalytique au fur du sujet contemporain. Ceux-là même qui feront donc le corps de cette future émission radio venant faire suite à celle que j’ai tenue pendant plus d’une année en m’appuyant sur le livre de Freud Malaise dans la civilisation, émission de radio qui s’intitulait Lhommalaise – en un mot.
Les reprendre terme à terme ces jalons, comme des ouvertures mises à disposition, et pas encore, vous l’aurez compris, comme des développements poussés jusqu’à leur butée. Chacun d’entre eux pouvant être mené à la façon qu’explicite Raymond Rousselle dans son livre Comment j’ai écrit certains de mes livres.
Il s’agissait pour lui de commencer une histoire par une phrase qui sera reprise quasiment mot pour mot comme phrase finale, avec les modulations de sens que son histoire, entre temps, aura permis de justifier pour certains de ces mots. Une histoire tissée toute au service de la torsion. En ce qui nous concerne, dans notre champ, cela peut se dire couramment déplier. Je dis, moi, présentation d’une déflexion dont la saisie structurelle – plutôt que la production au service du littéraire pour Rousselle, mais pas que, si on le considère « cousin » de Joyce – présentation d’une déflexion dont la saisie structurelle manifeste l’enclenchement de nos avancées théoriques.
Le point de départ donc. Que peut-on entendre, disons a minima, de cette proposition, L’effraction du désir psychanalytique au fur du sujet contemporain ? Je vais vous faire une proposition, enfin, l’une des propositions que l’on peut y cueillir. La voici : Quelle réponse le sujet de notre temps donne-t il au désir tel qu’il se module et tel qu’il le rencontre dans le champ de la psychanalyse ? C’est une traduction possible. Voyons si elle aura évolué après que nous ayons traversé les termes originaux dont elle se supporte, ceux du titre du jour. Traversée qui se fera, comme je l’ai dit précédemment, dans l’ordre que j’aurais choisi.
À commencer par le sujet contemporain.
1- Sujet contemporain
Nous commençons donc par le contemporain. Cela semble aller de soi, mais cela va aussi de soi avec ce qui a été illustré par cette idée de la même phrase qui marque le début et la fin d’une histoire, c’est à dire avec ce qui nous amène à la notion de symptôme en tant que représentation, désignation, savoir, support du désir insu-porté.
La question qui est posée depuis cette première co-incidence, qui a pour nom symptôme, est celle de sa co-habitation avec l’époque du sujet qui en souffre, avec le monde contemporain. Autrement dit, le rapport du symptôme un par un s’inscrivant dans la manifestation datée du symptôme collectif actant la structure que Freud a qualifiée de Malaise dans la Kultur.
Voilà ainsi présentée trois figures de la contemporanéité telles qu’elles nous apparaissent saisissables promptement. Celle du symptôme individuel, celle du symptôme collectif et celle du malaise nécessaire qui leur fait rail.
Une trilogie alléchante si je puis dire à ceci près que le second terme, celui du symptôme collectif n’a pas lieu d’être puisqu’il n’y a pas de sujet du collectif. Par contre il y a bel et bien du collectif qui se fonde du contemporain. C’est le malaise, celui de la Kultur, structure contemporaine au contemporain du symptôme individuel. C’est ce que j’ai désigné du néologisme Lhommalaise qui fixe le rapport de ces deux contemporanéités.
L’apparition de nouveaux mots fait le grain d’une époque. Fait le sel du malaise qui la supporte. (Le néologisme est un mot relais qui est mot d’époque, c’est à dire le représentant d’un temps marqué, que celui-ci soit le temps partagé , celui de la communauté, ou bien ,plus feutré, mais pas moins affirmé, celui de la singularité . Dans un cas comme dans l’autre il éclot comme une fleur de lys dont nul ne connaît encore la destinée. Ou bien marque infamante du galérien inscrite au fer rouge et qui l’assigne à un statut définitif – ici, pour le néologisme ce serait l’oubli, ou bien, au contraire, il fera office de passe-muraille donnant accès à des espaces de langage jusqu’à lui insupportés.)
Paul-Laurent Assoun fait par exemple un sort à celui de borderline. Je le cite, Si cette notion s’est imposée c’est que, au-delà du préjugé, elle vint à point nommé désigner quelque chose du statut contemporain du sujet dans son rapport à ce qui cloche au nexus du symptôme et du collectif. Si les borderlines se multiplient, en surfant sur l’incertitude du concept, c’est que ledit état-limite constitue un mode de coïncidence collective dans l’expression symptomatique. Fin de citation.
Incertitude des concepts donc, dont le DSM est à la fois la bible et le dictionnaire. Une bible réduite à une table de la loi, divine, dont l’exégèse n’est pourtant pas possible puisque devant être lu à la lettre. Pas celle que notre pratique circonscrit, mais comme un dictionnaire administratif, mode d’emploi institutionnalisant la ligne de démarcation du normal et du pathologique à partir de laquelle s’opère au quotidien la ségrégation des jouissances.
Depuis cela, depuis cette propension à tracer une ligne de démarcation, là où, pourrait on dire, le psychanalyste s’attache, lui, à parcourir les lignes du symbolique pour y repérer celles du réel, même si elles ne sont pas entre elles congruentes (Patrick Valas), depuis cela, mais également sur cela donc, touche du contemporain, vient prospérer ce paradoxe, irrésolution apparente, de considérer le DSM comme un inventaire-miroir grâce auquel chaque sujet peut désormais saisir une partie de lui qui suffira pour et finira par le désigner comme un tout… Pliure supposée tenable du subjectif à l’imaginaire de l’époque.
C’est ce qu’illustre par exemple le terme de bipolaire. Bipolaire – en un mot, je le souligne – qui désigne le tout auquel le trait d’union de la qualification Maniaco-dépressif barrait l’accès. Repérage ici, en passant, de ce sujet barré que l’on ne saurait voir.
Mais, comme nous l’avons vu l’année dernière, la pulsion est rétive au carcan des mantras qui tentent de faire contrepoint au malaise qui s’en dénote. Le problème n’étant pas qu’ils souhaitent y répondent à ce malaise mais bien qu’ils soutiennent le solutionner. Soyons « inconsciemment optimistes » et posons que ce faisant, de penser le solutionner – ce qui est en réalité une dénonciation radicale – ils concourent à sa nécessité.
Pour en finir avec ce premier jet, un mot encore, exotique, sur le sujet de sujet contemporain. Si le maître actuel, celui qui tient la barre, a, justement, cette barre, pris l’option de la supprimer du S, du sujet qu’elle révèle en le barrant – le sujet Lacanien divisé, celui qui est bien barré -, rien d’étonnant alors à ce que ce maître contemporain persiste à lire l’un des symboles des maîtres traditionnels chinois, celui du yin et du yang, comme la représentation du dual. Alors que – secret que je vous révèle et sur lequel le Taï Chi Chuan appui sa transmission depuis plus de 10 siècle – ce symbole s’y pratique précisément dans la direction de la barre que la contemporanéité qui est celle de notre époque souhaite lâcher. Celle non pas du dual du un contre un, mais du un divisé. (Schéma)
Voilà qui fait boussole au psychanalyste pour maintenir le repérage de Lacan posant, je cite, qu’il n’y a pas d’autre signe du sujet que le signe de son abolition de sujet, alors que les coordonnées contemporaines, elles, insistent, de toujours, pour effacer cette signature.
Un de toujours qui désigne avant tout l’intemporel de la structure, son inactualité comme disait Marie Moscovici.
2 – Désir psychanalytique :
Passons maintenant à un autre maillon de la chaîne. Désir psychanalytique. Il n’y a là aucun suspens et peut-être l’aurez-vous compris, après les propositions avancées au sujet du contemporain concernant le borderline ou bien le bipolaire, la qualification ridiculement indéfinie que j’utilise – Désir psychanalytique – vient y faire écho, au niveau, par exemple, du pervers narcissique. C’est là la réalité du salmigondis conceptuel qui sous couvert de terminologie scientifique ne cherche même plus à boucher les trous du réel mais se contente de les enfumer pensant ainsi dans le même temps et en barrer l’accès et, toujours le réel, le faire sortir de sa tanière.
Ici, je dois dire que je pensais avancer un néologisme
(et j’avoue qu’il y a toujours une légère satisfaction à aborder par ce biais des rives nouvelles – à condition qu’elles ne soient pas artificielles).
Mais je découvre à l’instant que ce terme existe déjà.
(J’ai déjà dit par ailleurs quelques mots sur le fait d’enfoncer les portes ouvertes et je n’y reviendrai pas. Je préciserai simplement que le plaisir est grand aussi de constater que la voie suivie peut n’être pas complètement hors repère.)
Le terme qui m’est venu est psychanalisme. Il fut utilisé par Octave Mannoni et il désigne, disons, le théâtre de la récusation de l’inconscient. Alors là, rebondissement, néologisme tout de même puisque je l’écris moi avec un « i », précisément, (et non pas avec un « y ») puisqu’il se place dans la série plus ou moins funeste des « ismes » idéologiques. D’autre part, il se trouve que je ne lui attribue pas du tout, la définition de Mannoni. Pas la même orthographe ni le même sens, c’est donc au final peu ou prou un écho à l’histoire du couteau de Lichtenberg…
Bon, je le reprends ce terme, psychanalisme avec un « i » et lui fait soutenir l’idée du persuasif. Cela, concernant la psychanalyse, autant sur le versant du prosélytisme que sur celui du rejet. Un rejet – de la psychanalyse – qui renforce ce qu’il dénonce, comme nous le savons, à ceci près que dans ce cadre, ce qui est dénoncé – et donc renforcé – n’est pas la psychanalyse, mais la face prosélyte du psychanalisme. Ce qui n’est pas un progrès.
Dans ces deux acceptions, la psychanalyse est. Elle est ceci ou bien elle est cela. Mais alors, signe qui fait la singularité de ces deux positions, si le verbe Être est ici utilisé comme la copule qu’il est, c’est à ceci près qu’ici il ne relie pas le sujet à son prédicat, mais qu’il fonde l’un à l’autre, posant ainsi, nous y revenons, les bases d’une identité toutalitaire.Nous connaissons bien cet appel des deux bords qui laisse au désir une place particulièrement lacunaire.
Alors quoi ? Qu’est-ce qui permet de définir la ligne de départage du psychanalisme et de la psychanalyse ? Le désir, oui, pourquoi pas ?! Le désir et sa place que je dis lacunaire d’un côté et le désir et son lieu Lacanien de l’Autre, avec un grand A. Tiens, à propos, cette définition de Lacan dans le séminaire VI, Le désir et son interprétation, qui le pose, à ce moment là, le désir, comme une métonymie du manque à être. Ce qui peut se dire ainsi, radicalement, coupure de la copule.
C’est ainsi qu’à la question qui lui est posée, Pour vous, monsieur Clavreul, qu’est-ce que c’est qu’être psychanalyste » ? Jean Clavreul répond du tac au tac C’est une question à laquelle il n’est pas possible de répondre,parce que si le psychanalyste a des états d’âme il n’a pas à en faire état et encore moins à en faire étalage. Il n’y a pas d’être du psychanalyste. Ce qui différencie la psychanalyse des autres professions c’est que ça ne se réduit ni à un savoir, ni à un savoir-faire. Il s’agit vraiment de quelque chose de tout autre où le psychanalyste se trouve engagé d’une façon différente, spécifique, avec son désir et ce qui n’est pas sans poser des problèmes. On ne peut donc pas dire indiscutablement qu’il y aurait un être du psychanalyste qu’on pourrait contempler en quelque sorte de l’extérieur. Fin de citation
Suite à quoi Daniel Friedmann, l’intervieweur enchaîne avec cette question, démontrant par là qu’il est, lui, en réalité, enchaîné à la passion de l’Être, Mais alors, si il n’y a pas d’être du psychanalyse, la psychanalyse, elle, qu’est-ce qu’elle est ?…
Lacan y va de ce côté-là, du côté de l’Être, radicalement, dans La troisième.
Et bien, puisque En tous cas le désir, moi, ici, je commence à poser que la place de l’analyste tenue par son désir n’est pas une place acquise d’emblée – jusque là rien de bien nouveau, elle n’est pas une place acquise d’emblée même, voire surtout, habillée à souhait de ce statut d’intenable. Si la place de l’analyste peut aussi s’envisager à partir du verbe Être, ce qui fait la différence, radicale, avec ce que j’ai avancé à propos du psychanalisme, c’est qu’elle ne peut s’envisageralors que du verbe Être en tant que inchoatif. Inchoatif, c’est à dire non pas figé, fixé, mais en tant que ne pouvant se supporter que corrélé au mouvement du déport figuré par l’ex-sistence. Le sien lui étant propre, puisque jusqu’au désêtre.
C’est à partir du désêtre que nous allons maintenant faire le saut suivant en direction de l’effraction.
3 – L’effraction :
Tout bonnement, parler de l’effraction du désir psychanalytique sise au lieu de l’inconscient c’est mettre sur la table les coordonnées d’une altérité définitive. Définitive – au sens de définissant une coupure – au point d’en faire, comme cela se dit, l’une des trois grandes blessures narcissiques de l’humanité. Après Copernic – où Aristarque de Samos, où Giordano Bruno, où bien d’autres hors le monde occidental – et la fin de l’héliocentrisme, après Darwin – accompagné de tous les mécréants… – et la théorie de l’évolution, voilà Freud et l’inconscient, lieu atopique du recel du désir.
Parlant d’atopie, la topologie est un outil qui vient directement répondre à l’unheimlich de Freud. Désir de se donner les moyens d’envisager autrement l’énigme qui consiste à devoir produire la définition de coordonnées qui ne peuvent être saisies directement par le champ de la raison – de la maison. Je met en lien ces deux notions – topologie et unheimlich – pour plusieurs raisons, mais celle-ci notamment, analogique, qui me semble déterminante pour clarifier les lignes dont il est question, que l’unheimlich n’a en réalité en langue allemande pas d’étrangeté aussi directe, loin s’en faut, que celle que lui confère la traduction française et sa satisfaisante vacillation poétique d’inquiétante étrangeté. En langue allemande, l’étrangeté n’est que latente dans ce mot et Freud lui-même avait proposé d’autres terme, en français, dont celui-ci qui retient mon attention, mal à l’aise. Ce qui fait le pont avec la topologie dont nous savons que c’est ce qui caractérise son maniement.
Notons que ce mal à l’aise est déjà un lien aménagé avec l’inconscient dont la découverte puis le maniement permettent de toucher du doigt qu’y aménager un rapport de compréhension voisine toujours avec le risque majeur d’en araser la caractéristique d’irréductible.
Alors, puisqu’il s’agit d’effraction, de l’effraction que constitue la découverte de l’inconscient puis du désir qui s’y typifie, j’en viens à ce qui m’a animé dans le choix de ce terme, qui est le ciselage constant et répété de Lacan sur l’objet cogito cartésien. Dans La troisième, dans Radiophonie, mais encore La logique du fantasme, L’identification ou bien Les formations de l’inconscient. M’est revenue l’image des fractions représentées dans le séminaireL’identification, notamment au sujet de la nomination. Les – fractions donc, supportant le cogito, c’est mon point d’entrée pour l’effraction du désir tel que mis en lumière par la psychanalyse. (Fractions qui de façon sériel désignent dans ce passage du séminaire la notion de limite au regard de l’identification.)
Pour ce qui nous intéresse, cela nous ramène, par exemple, à ce que pourrait être l’identification de l’analysant au désir de l’analyste – en tant que « performance souhaitée ». Chose qui n’est pas réductible aux seules pratiques d’Amérique du nord puisque Clavreul, encore lui, soulignait, toujours dans la même interview, je cite, De la même façon, on peut dire que depuis plusieurs années la psychanalyse a une très forte tendance à se considérer comme une sorte de religion. Une sorte de religion avec, je dirais, en somme, qu’il s’agit de concevoir qu’il s’agit d’un certain style de vie d’un certain rapport au désir. Je dirais que peut-être c’est une sorte de religion du désir. Fin de citation.
Une religion du désir dont Lacan évoque l’une des bornes dans le Petit discours au psychiatres en rapportant je cite, Moi j’ai beaucoup parlé avec mes collègues américains, de question de technique par exemple, et, ce qui leur apparaissait décisif pour le maintien de certaines habitudes, de certaines coutumes, d’une certaine routine, eh bien, mon Dieu, ils le disaient – c’était leur tranquillité ; rien ne leur paraissait plus décisif pour motiver la façon, par exemple, dont est levée
ou fermée la séance que le fait qu’ils pourraient être absolument sûrs qu’à cinq heures moins dix ils prendraient tranquillement leur whisky. Fin de citation.
Leur whisky comme boussole ou bien le non-rejet de la part de leurs pairs dans telles ou telles écoles. Les dites écoles je le rappelle n’étant jamais que des fractions de désir. Lequel ? Toute la question est là ! Mais enfin, pour en rester à des considérations courantes, des fractions de désirs au même titre que les fractions révolutionnaires anarchistes et autres, ou bien, pour marquer une dernière fois la référence religieuse, au même titre que la fraction religieuse – c’est le terme, la fraction – lors de la communion… (La fraction pour communier, je le souligne…)
Mais la rupture n’est pas la coupure. C’est là le minimum de repère dont parle Françoise Dolto, elle aussi interviewée, lorsqu’à la question, Qu’est-ce qui fait qu’on devient psychanalyste et qu’est-ce qui fait qu’on se met dans la situation d’avoir à supporter ça ?, elle répond, je cite, C’était aussi la question de Lacan… Ben c’est que la société en a besoin et qu’il se trouve que l’on est tombé, comme ça, dans le collimateur de ceux qui ont été marqués par la société de façon inconsciente, à être ceux qui sont capables d’un peu de recul par rapport à ceux de leur temps ; avec un peu de recul. Je crois que ce sont des gens capables d’un peu de recul ; du fait de leur histoire probablement, de leur compréhension, à retardement, de leur histoire. Fin de citation.
Rupture n’est pas coupure donc, mais, à reprendre les termes même de la question, s’il s’agit de supporter cette situation, le minimum de repère qu’évoque Dolto – entre contemporains de l’acte analytique – ce minimum de repère ne peut être soutenu que d’un opérateur. Opérateur avec lequel nous allons maintenant en finir avec la boucle proposée.
4 – Le fur :
Nous avons déjà ici questionné et nous interrogeons sans cesse la notion de situation analytique, les coordonnées qui la désignent et les repères qui permettent d’y toucher. Lors de l’intervention de Robin Delvaux, professeur de philosophie, en fin d’année 2024, il a été question, disons, de l’outillage proposé par le capitalisme pour les satisfactions pulsionnelles. Lors de a discussion qui a suivi Andrea Dell’Uomo lui a opportunément rappelé qu’il y a, propre au champ de la psychanalyse, un opérateur tout à fait privilégié, le phallus. Comme tout ce que Lacan élabore, tout du long de son élaboration à propos du phallus, celui-ci s’apparente à un hydre. Hydre dont je désigne maintenant non pas les têtes mais le corps à travers la définition qui en est donnée dans le séminaire Les formations de l’inconscient.
Je cite, De même que je vous ai dit qu’à l’intérieur du système signifiant, le Nom-du-Père a la fonction de signifier l’ensemble du système signifiant, de l’autoriser à exister, d’en faire la loi, je vous dirai que nous devons fréquemmentconsidérer que le phallus entre en jeu dans le système signifiant à partir du moment où le sujet a à symboliser, par opposition au signifiant, le signifié comme tel, je veux dire la signification. Ce qui importe au sujet, ce qu’il désire, le désir en tant que désiré, le désiré du sujet, quand le névrosé ou le pervers a à le symboliser, en dernière analyse cela se fait généralement à l’aide du phallus. Le signifiant du signifié en général, c’est le phallus.
Bien. Voilà pour le corps, consistant. Moi, ce qui m’arrête là, un instant, c’est le fréquemment de … nous devons fréquemment considérer… ainsi que le … en général,… de Le signifiant du signifié en général, c’est le phallus. Il y plusieurs moyens d’expliquer ces tournures inhabituelles chez Lacan, inhabituelles en ce sens qu’elles ne font pas butée et qu’elles semblent laisser une marge pour la possibilité d’autre chose. Cet autre chose peut être par exemple la psychose.
Mais si l’usage du mot phallus va de soi pour celles et ceux qui y ont été formés et que ça n’est pas le cas sans cette formation, désormais cet usage se heurte actuellement à un rejet total sinon à un impossible dans certaines conditions (exemple : ovulaire pour remplacer séminaire). Pour le dire ainsi, le phallus n’est pas très couru. Disons que si sa fonction, pour les psychanalystes, s’inscrit en tant que nécessaire, hors cadre professionnel, l’usage du terme et ce qui s’y recèle est désormais – fréquemment autant qu’en général – proscrit.
Fur lui n’est pas proscrit. Il est méconnu. Voici en partie ce qu’en livre le Littré, d’abord depuis l’expression « Au fur et à mesure », C’est à la vérité un pléonasme, mais il est consacré par l’usage, et il conserve ce vieux mot de fur, effacé partout ailleurs. On remarque que ce pléonasme est assez récent ; dans le XVIe siècle, on ne dit que au fur, sans y joindre mesure. Mesure aura été joint quand, le sens de fur s’étant obscurci, on l’a complété par l’addition d’un mot usuel et compris.
Et pour ce qui est de son étymologie, du latin forum, marché, d’où, dans les langues romanes, le sens de taux, de mesure. Avec un usage en cours en Mayenne où l’on dit encore : « Le fur de la contribution foncière », c’est-à-dire la proportion entre l’impôt et le revenu imposable.
Méconnu donc mais pas seulement. Je veux dire, connaître son étymologie, avec les avantages d’usages que l’on en tire, ne nous avancera pas autant, loin s’en faut, que de considérer ceci, qu’il est surtout une lettre volée posée sur la langue de ceux qui l’utilisent et qui sonne à l’identique pour les oreilles de ceux qui l’entendent.
Pour faire son petit sort à cette mesure qu’est le fur je vais revenir à Locus Solus de Raymond Rousselle. Dans mon livre sur Signorelli – Signorelli, de l’oùbli du nom au nom dupé – je tire quelques lignes au sujet d’une unité de mesure très particulière qui y est évoquée, en prenant appuis sur le nom du maître des lieux dans le roman, pour repérer, je (me) cite, le Canterel de Martial Canterel, maître du domaine de Locus Solus, comme tenant lieu d’une étrange unité de référence, celle formée par l’union de « canter », unité de mesure et de « cantel », qui désigne ce qui se tient au dessus des bords d’une mesure déjà pleine.
Ce nom propre est donc repéré composé de la contraction de deux mesures. Or, en terme de contraction, je le rappelle, nous sommes partis du phallus en tant que signifiant du signifié – ce qui pourrait être dit contraction du contractuel, phallus signifiant du signifié donc, en tant que, je cite Lacan, quand le sujet a à symboliser son désiré, il le fait à l’aide du phallus. De là, retour au fur, via une courte anecdote tout d’abord puis en passant par un séminaire de Patrick Valas ensuite.
L’anecdote. Liliane Abensour vient me trouver au jardin du Luxembourg et me demande de lui donner des cours particuliers de Taï Chi. Elle est psychanalyste à la SPP. Je ne le sais pas encore. Un jour, exceptionnellement, elle vient à un cours collectif. Lors d’une pause, faisant suite à une remarque empreinte de suffisance politique proférée par une élève satisfaite d’elle-même, elle dit ces mots, On peut être dans un rapport à la politique autre que celui de la demande. J’ai eu depuis l’habitude de dire que sa parole avait créé le silence palpable dans lequel elle avait pu advenir. Un non-encore prononcé tissant rétroactivement son propre support.
J’étais – presque* – Hégélien sans le savoir donc. Pâte Hegelienne retrouvée dans un passage de l’un des séminaires de Patrick Valas où il est rappelé que la logique Hegelienne a été reprise par Lacan au niveau du signifiant où la chosedite – *Je reviens au presque puisque la phrase n’avait pas été dite – créé rétroactivement la cause dont elle est l’effet. Fin de citation dont je ramasse la suite en rapportant ce constat, que l’on ne peut saisir qu’après-coup et que c’est là la naissance du futur antérieur, temps qui caractérise le désir. Ce que je désire je ne peux le savoir qu’après-coup et ainsi, j’aurai désiré ce qui m’est arrivé. (Cf. Signorelli de l’oùbli du nom au nom dupé : Il aura fallu…et la quasi homophonie avec Phallus de ce verbe sans usage à la première personne du futur antérieur)
C’est par là que je reviens au fur, le fur comme contraction du futur antérieur (voire intérieur), temps du désir. Le furmesure contemporainement ignorée d’un désir ainsi insu.
Voilà qui clôt les multiples ouvertures de cette proposition de départ, L’effraction du désir psychanalytique au fur du sujet contemporain. Et pour amorcer la conclusion de mon intervention je les fais suivre ces propositions de l’évocation – courte – de trois œuvres.
5 – LES TROIS OEUVRES :
– Les Ambassadeurs – Tableau de Hans Holbein le jeune – 1533 :
Dans le séminaire 11, Fondements de la psychanalyse, comme vous le savez, il est longuement question d’un tableau, Les Ambassadeurs de Hans Holbein. Lacan en extrait un objet comme représentant de la néantisation du sujet, une tête de mort réalisée techniquement via le portillon de Dürer pour obtenir la distorsion anamorphique.
Dans mes recherches pour un article de 2015, Les Ambassadeurs et le bon samaritain, j’ai écumé les auteurs ayant présentés des travaux sur les questions que soulèvent cette œuvre. Concernant les objets qui y sont représentés elles sont nombreuses et passionnantes et ne se cantonnent pas à l’énigme relevée par Lacan. J’avais retenu les travaux de André E Bouchard étayés par la dialectique de John David North concernant notamment un instrument de mesure appelé bloc gnomonique. Un bloc gnomonique, est un objet présentant à lui seul plusieurs cadrans solaires.
Après avoir repris les différents aspects techniques à propos des gnomons, ils sont au nombre de trois et sont aussi arides que passionnants, je démontrais qu’ils promeuvent le pas de côté nécessaire et indépendant qui amène effectivement à ponctuer la démonstration proposée – et à en tirer une perspective. Quel est-il ce pas de côté ? Presque rien comme toujours et en tous cas juste ce qu’il faut pour possiblement passer à la trappe et n’être pas repéré, sans pour autant, soulignons-le, ne pas avoir d’effets. Il s’appuie sur trois points, mais qui, cette fois donc, ne reposent pas sur une arête technique de l’objet mais plutôt sur une posture à tenir vis-à-vis de lui.
Voici le dernier, dont les développements mènent à cette question puis à ce constat de la part des chercheurs, je cite, Un instrument peut-il seulement dire l’heure quand il est constitué correctement ? Voilà bien une question qui relève de la sémantique ! La question qui se pose alors à nous est, comment répondre au « naturel étrange » de cette question ? Pour North, relayé par Bouchard, l’étayage par la preuve scientifique s’efface devant le fait que l’objet puisse se déprendre de sa fonction et qu’il puisse être seulement supporté par le regard du peintre ou du spectateur.
Mais encore, alternative, c’est là l’étrange question, que délesté des réserves techniques et n’étant plus désormais qu’objet sans fonction autre qu’être simplement « correctement » représenté sur la toile, cela amorce ce glissement qu’il ne puisse se contenter de répondre à cette seule fonction et doive, à partir de là, en dire un peu plus.
Ce que nous servent donc sur un plateau les considérations de ces deux auteurs est ceci, que le bloc gnomonique représenté sur cette toile est privé de sa fonction, celle de dire l’heure – fonction des fonctions ? – et que de cette privation advient un petit quelque chose de différent que de seulement dire l’heure. Petit quelque chose que l’on peut qualifier le plus simplement d’être un discours Autre.
Phallus, Fur, gnomon, mesures Autre, nouvel heur – sans e – heur du désir de savoir, c’est la signification de gnomon.
– Meurtre dans un jardin anglais – Film de Peter Greenaway – 1982 :
Je vous ai proposé de visionner le film de Peter Greenaway avant mon intervention autant pour le plaisir de le revoir, pour ceux d’entre vous qui l’ont déjà vu, que pour celui de le découvrir pour les autres, sans les priver pour autant de la découverte de son dénouement.
L’heurt du dénouement – heurt avec un t cette fois. Dans le même article , je fais un commentaire de ce film à partir d’une intervention de Catherine Millet. Il y est longuement question du dispositif du film. Je dis que celui-ci mène le spectateur par le bout du regard puisque la solution n’est pas livrée clé en main, mais hors l’oeil.
Le peintre qui officie, Mister Neville, a lui aussi tout un dispositif, dont fait partie un portillon de Dürer, qui est censé permettre de ne rien laisser échapper, qui est censé lui permettre, au peintre, de tout saisir puis de tout retranscrire de ce qui entre dans ce cadre. Mais ce qui est présenté par le dispositif du film ce n’est pas ce qui entre dans le cadre – frameen anglais – mais plutôt ce qui, dans l’après-coup de sa saisie se redistribue et se désigne parfois en tant que frame-up, en tant que coup monté. À savoir le désir.
A l’heure du dénouement donc, se réalise que le moment du désir, révélé par ses effets, ne peut être désigné par l’aiguille de la montre la plus contemporaine. Cela autant que les protagonistes de l’histoire auront été chacun, de façon définitive, saisis par lui. Ce qui se manifeste par le fait que pour tous, l’heur du dénouement – cette fois sans e – n’estpas le leur, mais celui du désir lui-même.
Neville, le peintre, s’est vu passer une commande de 12 dessins. Il n’a pas su y reconnaître – à temps – le 13ème, ni le destin qu’il se forgeait à vouloir le faire à sa main (Le ministre de La lettre volée).
Je le dis en passant : c’est là un enjeu absolument horizontal pour un psychanalyste dans une petite ville isolée, dans un jardin Drômois…
– Pulsion – livre de Frédéric Lordon et de Sandra Lucbert – 2025 :
Sous les feux de la rampe par contre le livre Pulsion… que je n’ai pas lu. J’ai par contre écouté et ré-écouté l’entretien long et précis que les deux auteurs ont donné au média Blast. Je répète que ce soir chaque point évoqué est condensé dans sa présentation et non développé dans ses perspectives. J’aurais (et peut-être aurai) bien du pain sur la planche concernant la ligne qui tient ces deux auteurs.
A tel enseigne que l’inverse, réduire leurs positions au rendu d’un regard arrêté, demande à ce regard une position particulièrement élective. Ce qui nous ramène en passant à ne pas perdre de vue les regards des Ambassadeurs, de Mister Neville et leurs destin.
Lucbert et Lordon se soucient de la psychanalyse. À leur yeux elle s’est fourvoyé. Le soucis, le mien, ce n’est pas qu’ils ne s’en soucient comme d’une guigne, mais à partir
d’une esbigne si je puis dire, s’esbigner voulant dire s’enfuir. Ils s’en soucient à partir d’une fuite qui est celle de leur imaginaire. Ce qui est la définition exacte du point de fuite.
Un imaginaire compensatoire de ce qui le motive, ce qui mène le bal de toute idéologie. Depuis la leur, ils ont créé un personnage, Modus (Cf. Spinoza et les modes finis humains) porteur de cette pulsion qui donne son titre au livre. Modus va, propulsé par cette force, et lui et sa pulsion se configurent à mesure des rencontres qu’ils font avec les rapports sociaux via les premiers autres.
Je les cite, Nous entendions faire avec Spinoza une proposition de psychanalyse matérialiste. Une psychanalyse qui branche directement les aventures de la pulsion, les aventures de la psyché sur les rapports sociaux qui leur pré-existent. C’est à dire une psychanalyse qui ne séparent pas la compréhension des structures psychique de la compréhension des structures sociales.Comment les rapports sociaux viennent ils en nous ? c’est ça la grande question de notre livre.
Trotsky, lui, en 1932 disait, Sigmund Freud, via la psychanalyse, a soulevé le couvercle du puits poétiquement nommé « l’âme » humaine. Et qu’est-il apparu ? Notre pensée consciente ne constitue qu’une petite partie du travail des obscures forces psychiques. De savants plongeurs descendent au fond de l’océan et y photographient de mystérieux poissons. Pour que la pensée humaine descende au fond de son propre puits psychique, elle doit éclairer les mystérieuses forces motrices de l’âme et les soumettre à la raison et à la volonté.
Alors, pour en revenir à mon intitulé de ce soir, ce que Lordon pose ainsi est une proposition faite via la psychanalyse sauvée des eaux au désir du sujet contemporain avec pour mesure le gargarisme du « paradigme ». Il s’agit, je cite une dernière fois, de faire travailler en combinaison l’intelligibilité psychanalytique et l’intelligibilité sociologique ce qui peut faire des combinaisons extrêmement puissantes. Mais enfin, Je souhaite montrer ce que peut être la productivité de la mise au travail combiné d’une intelligence psychanalytique et d’une intelligence sociologique. Fin de citation.
Tout cela posé sur le consensuel – surtout non investi – du comme nous n’avons pas de clinique nous mettons bien évidemment de côté l’aspect thérapeutique (sic) de la psychanalyse. (Ré-solution qui n’est telle en réelité que de se fonder de scotomiser Le malaise… Et d’ainsi en faire fi. Ou fur, ce qui revient à le caractériser.)
Retour à L’ombre de l’objet – De l’inactualité de la psychanalyse, de Marie Moscovici.
CONCLUSION :
Pour conclure, d’une phrase, enfin de trois… J’ai souhaité ce soir vous embarquer dans un parcours à la façon de Raymond Rousselle qui dans son livre Locus Solus présente Martial Canterel proposant à ses convives du jour de parcourir son étrange jardin, de le visiter avec lui pour y découvrir par un biais particulier les objets singuliers qui s’y trouvent et les significations qui s’y rattachent.
Parlant de visite, je place ce cheminement en perspective avec cette confidence de Jean Clavreul révélant qu’au début de son analyse, alors qu’il était en grande souffrance, Lacan est venu le visiter une vingtaine de fois à l’hôpital pour que les séances puissent avoir lieu.
Un lieu alors appendu au déplacement de l’analyste, déplacement incipit autant que nécessaire (n’est-ce pas là une définition (infinition) du contemporain… ?) à repérer le désir au lieu de son travail.
Jean-Thibaut Fouletier
Die, avril 2025
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