Lhommalaise 2 (émission de radio)
Vous pouvez entendre l’émission ICI.
LHOMMALAISE
UNE SÉRIE D’ÉMISSIONS DE JEAN-THIBAUT FOULETIER
AVEC LA PARTICIPATION DE ÉMILIE DUBOIS
Émission numéro 2 : Le malaise de Freud
Tout n’est que poussière,
c’est dire l’importance du plumeau.
Alexandre Vialatte
Chapitre 1 – Les cynismes
Entre le cynique de l’antiquité et le cynique dernier cri auquel nous avons à faire, il y aura eu le cynique intermédiaire. Celui qui aura distillé ses mots couperets de s’être cru revenu de tout en réponse à ceci qu’il n’était somme toute parvenu à se rendre nulle part.
Somme toute ai-je dit là où du reste conviendrait tout aussi justement, la somme comme le reste disposant le solde de l’opération depuis laquelle chacun est censé fonder son assise pour valider sa marche à suivre.
Si hautaines soient elles, la marche du cynique – en solitaire – et la marche de l’Empire – en Constitution – ont toutes deux des limites. Notamment celle d’être tout à fait restreintes dans le temps et ce malgré les étais dont ces deux là se targuent face à l’effondrement inéluctable de leurs positions.
La marche de l’Empire pour le coup ce n’est pas l’allant qui caractérise son avancée à pas cadencé, non plus que ses conquêtes. La marche de l’Empire c’est sa limite spatiale. C’est le lieu du poste avancé, la borne depuis laquelle l’Empire discerne clairement où il n’est pas, à défaut de pouvoir cerner ce qu’il est. C’est en réponse à cet inconnu que Machiavel à dispensé ses conseils au Prince. A la frontière de la masse et du solitaire.
En réalité les Princes sont nombreux et chacun de nous, à sa mesure, pourrait s’amuser à reporter les estimations du Florentins sur la moindre parcelle de son quotidien, si peu guerrier celui-ci puisse-t il paraître de prime abord.
Oui, Machiavel se fait fort de prévenir les rapports qui se font jour entre les Hommes. Il le fait à l’endroit où Freud avance dans sa certitude tranquille – enfin, tranquillisée par le fil qu’il avait suivi jusque là, si peu confortable ait-il été ce fil – Machiavel se fait fort de prévenir les rapports qui se font jour entre les Hommes là où Freud avance donc, dans son livre Das unbehagen in der kultur, Malaise dans la culture, que parmi les souffrances que leur imposait l’existence, les rapports entre les Hommes étaient à coup sûr celle qui était la plus dure. Mais dans le même temps celle qui était considérée pourtant comme la plus superflue. C’est à dire comme étant la moins digne d’intérêt.
Si l’intention de Machiavel était de toucher le puissant qui régnait alors, Laurent II de Médicis, père de Catherine de Médicis, mais encore les puissants quels qu’ils soient, nous pouvons encore élargir le cercle de son adresse à considérer que la puissance appartient à tous, au gré des circonstances et suivant la relative portée que nous sommes bien obligés, quelque soit notre rang, de lui accorder.
Machiavel s’adresse à tous, ce que prouve son audience, pour aider tout un chacun à apprivoiser le premier au-delà de sa propre marche. Un au-delà constitué du moindre alter ego posté sur le chemin de son quotidien. Il s’adressait donc à chacun dans son rapport à l’autre là ou Freud établissait, rappelons-le, que ce rapport est ce qui constitue la plus grande douleur de l’humain. Ce qui est à relever chez Machiavel c’est ceci, qu’il a établi son adresse à partir d’un point d’appui. Un point d’appui qui lui a paru nécessaire à certifier sa démarche. Vous voyez au passage que la nécessité de certification ne date pas d’aujourd’hui.
Il est vrai que les choses ont évolué puisque la certification contemporaine n’intéresse plus guère que ce que l’on appelle de façon un peu connoté les éléments de production. Les éléments de la production à l’endroit où les garanties qu’on leur accorde pour validation, les normes, n’ont pour effet que d’entériner l’anonymat, l’interchangeabilité et au final le caractère dispensable de ceux qui les régissent, sans interroger outre bonne mesure sur la crédibilité de ceux qui les instituent. C’est ce qui fait qu’ici, pour soutenir la croissance, il y a la croiscience, située au croisement de croyance religieuse et de science, qui de religion en prend le chemin. Croiscience qui, dans sa mécanique implacable, n’a de cesse que de faire son office. Tel un bourreau. Ou bien un prêtre.
Au 16ème siècle, pour y revenir, le point d’appui de Nicolas Machiavel, le socle de ses propositions, la racine qui se ramifie dans les plus infimes développements de sa pensée comme dans les plus massives de ses propositions, bref ce qui sertit sa parole dans Le Prince peut être saisi, pour exemple parmi tant d’autres, dans cet extrait :
Tous les écrivains qui se sont occupés de législation – et l’histoire est remplie d’exemples qui les appuient – s’accordent à dire que quiconque veut fonder un État et lui donner des lois doit supposer les hommes méchants et toujours prêts à déployer ce caractère de méchanceté toutes les fois qu’ils en trouveront l’occasion. Si cette disposition vicieuse demeure cachée pour un temps, il faut l’attribuer à quelque raison qu’on ne connaît point et croire qu’elle n’a pas eu occasion de se montrer; mais le temps qui, comme on dit, est le père de toute vérité la met ensuite au plus grand jour…
Voilà là exposée la constance et le fondement de la vision de Nicolas Machiavel. Les hommes sont foncièrement méchants. A partir de ce constat, présupposé que personne n’aura à remettre en question si il s’agit de le suivre dans ses conseils, il se prévaut de pouvoir faire en sorte que ceux qui sont dans les clous de ce qu’il préconise puissent devenir Prince…et le rester.
A lire son traité et à parcourir ses recettes on ne peut que constater ceci. Le machiavélisme – c’est à dire la supposition de l’implacable efficience du pouvoir calculé – le machiavélisme dont on le qualifie est, contre toute attente, l’ingrédient qui manque à ce qu’il prône pour qu’à le suivre dans ses conseils l’on puisse voir ceux-ci effectivement prendre corps dans la réalité. Cela ne se peut car il y a, dans cette réalité autant que la comprenant – nous savons cela possible, il y a, revenant toujours à la même place, le grain de sable du réel ou bien le réel du grain de sable.
Mais encore. Si donc le machiavélisme n’est littéralement pas dans la réalité, il est également tout à fait absent du livre de Machiavel, car à le parcourir, rien ne permet de repérer, et par là de soutenir, ce qui pourrait établir son identité. A savoir, de faire le lien assuré entre le premier cas, dit de la pratique et le second, dit de la théorie.
Le machiavélisme, dont encore une fois rien ne dit que Machiavel s’en revendiquait, est une projection par laquelle s’imagine que ce lien entre la pensée et la réalité puisse se faire naturellement. Ce qui reviendrait à dire, nous l’avons déjà évoqué dans la première émission de Lhommalaise, que la réalité puisse être identique à elle-même, fantasme de l’identiquité.
En réponse à quoi il y a l’espace que je relève, l’espace incompressé puisque incompressible – qui rime avec impossible – qui est peut-être ce qu’avance sans que cela y paraisse au premier abord la phrase inscrite sur le monument érigé à sa gloire à Florence, Tanto nomini nullum par elogium, Nicolaus Machiavelli. Est-il éloge qui puisse égaler celui que renferme son nom, Nicolas Machiavel ?
Car si cette phrase s’apparente au trait d’esprit dont elle revêt la forme, nous gagnerions à la prendre avant tout pour ce qu’elle est, une question. Question à laquelle pour ma part je donne la réponse suivante. Parlant de fantasme d’identiquité, le cynique tel que je l’ai défini, colle à son jugement, il y est identifié et s’y fige, alors que Machiavel propose lui de s’en détacher, même s’il s’agit de faire avec. Ainsi, Il ne s’arrête pas à l’estimation à partir de laquelle il fonde ses vues, les hommes sont foncièrement méchants. Et c’est précisément cette distance qu’il prend, le fait qu’il se déploie à partir de là, qui marque le fait qu’il n’est pas un cynique.
Ce différentiel – le fait qu’il ne s’arrête pas à son estimation – permet de constater que si le machiavélisme peut être un éloge, si grand soit il, il n’arrive pas jusqu’au nom de Machiavel, qui le comprend. Entendez bien, qui le comprend mais qui pourtant ne le recouvre pas. Cela de la même manière que je disais un peu avant que le réel est dans la réalité autant qu’il la comprend. Et c’est par cet espace particulier que Nicolas Machiavel acquiert sa stature. De ce que son nom puisse comprendre quelque chose, le machiavélisme qui pourtant le déborde. En résumé, de Nicolas Machiavel la personne, de Machiavel le nom et du machiavélisme la pratique, aucun des trois n’est définitivement plus grand ou plus petit que les deux autres.
Je fais ici une courte incise pour évoquer un objet qui à pour nom le nœud borroméen. Pour les psychanalystes c’est un terrain connu, sinon en pratique, auquel cas elle s’en trouve généralement enrichie, du moins de nom. Pour ceux qui ne le savent, le nœud borroméen est un nouage de trois anneaux dont Jacques Lacan s’est servi pour illustrer les rapports entre les catégories du réel, de l’imaginaire et du symbolique qu’il mania durant près de trois décennies. Dans le nœud borroméen chacun des trois anneaux représente une catégorie et est relié aux deux autres de telle façon que si l’on en détache un tous seront déliés. Ce nouage particulier des trois anneaux représenta au 15ème siècle les relations qu’entretenaient trois grandes familles italiennes qui scellèrent ainsi leur indéfectible union.
Je rappelle que pour en arriver à évoquer cette relation tripartite ainsi symbolisée nous nous sommes appuyé sur la relation établie entre Machiavel, le nom, Nicolas Machiavel, la personne, et le machiavélisme, la pratique qui en ressort. Trois éléments au sujet desquels il s’agissait de toucher du doigt qu’il n’y avait de prévalence absolue, comme pour le nouage borroméen, d’aucun des trois éléments. Et c’est là où je veux en venir concernant le pacte unissant les trois familles. Il y a en effet tout de même un petit quelque chose à noter à ce niveau. C’est extrêmement simple. Au point de pouvoir paraître anodin et à partir de là, demeurer jusqu’ici inaperçu. Si le nom de Borromée est resté pour désigner l’anneau, aujourd’hui très peu sont ceux qui peuvent citer le nom des deux autres familles formant l’alliance. Autrement dit, si l’anneau Borroméen reste le symbole de cette alliance, son nom marque avant tout l’effacement nécessaire des deux autres, en l’occurrence les Sforza et les Visconti. A cette place il n’y a qu’un nom. Il n’y a de place que pour un nom. C’est le principe.
Fin de l’incise et j’en reviens à ce qui l’a précédée, qui était que, de Nicolas Machiavel, de Machiavel et du machiavélisme, aucun des trois n’est définitivement plus grand ou plus petit que les deux autres.
C’est cette mesure de relativité constante du rapport à soi indexée au pouvoir qui va nous permettre maintenant de passer par les cyniques de l’Antiquité, puisque, à défaut de parvenir à y toucher de façon satisfaisante en la pratiquant, ils prônaient notamment l’humilité. Bon, comme très souvent dans ces cas là, l’humilité à condition que cela se sache. Profitons de l’occasion pour évoquer un dessin de l’humoriste Voutch où est représenté un homme très actuel qui arrive péniblement en rampant au sommet d’une montagne , sommet sur lequel trône un sage. Dans un dernier effort il lui adresse cette supplique, Je veux accéder à l’humilité. Je veux même devenir le N° 1 mondial de l’humilité !.
Oui, c’est drôle, très drôle même, mais la suite va nous montrer que cela ne l’est pas tant que ça. Voire pas du tout… Mais je reprends. Concernant les cyniques de l’Antiquité, il ne s’agissait pas seulement pour eux que cela se sache, de faire publicité du fait qu’ils soient humbles, non, il fallait que leur humilité affichée soit assimilée à un savoir. Condition sine qua non croyait-on déjà, à l’existence d’une école.
Passées ces remarques qui orientent la perspective de mon regard à leur endroit, je me contenterai de relever ceci – et c’est là que ça devient beaucoup moins drôle – que parmi les autres valeurs qui les caractérisent, nombres vont dans le sens de celles que supportent nos cyniques contemporains, je veux dire les tenants des profits à tous crins. Qu’ils soient sonnants ou trébuchements si je puis dire.
En effet, pour les antiques, sous couvert de vertu, rien de moins à atteindre comme but que la liberté, avec, délivré pour y atteindre, le passeport pour transgression des interdits. Jusque là rien qui les différencie des beatniks ou de l’adolescence la plus…normale. Sauf à réaliser que ce gentil petit programme n’est rien d’autre qu’un blanc-seing accordé aux bouffons avant l’heure, les fous du roi. Fous nécessaires à supporter le roi et sa bonne parole. Sa bonne parole censée du coup être censée. Accroche-toi au pinceau j’enlève l’échelle!
Ainsi, parlant de programme, constatons que la dite bonne parole s’est décalée d’étapes en étapes jusqu’au si œcuménique Ensemble tout devient possible et au très méthode Coué Yes we can. Après y avoir eu à faire n’est-ce pas, chacun en connaît désormais le résultat. Chacun en connaît le résultat à défaut de bien l’avoir réalisé, c’est à dire d’avoir fait le lien entre le slogan et sa réalité. Car le résultat en question c’est que le Yes we can, pris dans le mouvement implacable de la logique, poussant plus loin d’une case la pièce du cynisme, aura tout simplement fini par mener le fou du roi aux pouvoirs.
Cynique un jour, cynique toujours, aux valeurs toujours opportunistes qui suivent la rigole finalement peu amène de la mascarade soutenue par l’Homme à son aise. Lequel dépasse de loin le cynique intermédiaire que je disais à l’entame de mon propos. Vous savez, celui dont la langue véhicule son impuissance en lame de rasoir pour trancher dans le vide. Notre cynique actuel est d’un tout autre tonneau. Impuissant lui aussi mais d’une impuissance sans commune mesure. Il est en effet tout simplement impuissant, lui,… à toucher à l’impossible. C’est à dire que de se croire sans limite rien ne l’arrête.
Mais c’est un rien qui l’oblige. Qui l’oblige alors à rien moins que de réussir l’opération alchimique. Changer le vil métal de la lame de rasoir des mots de son prédécesseur, le petit cynique, changer ce métal en or. C’est par là qu’il participe factuellement à la découpe de son prochain. Prochain qu’il aime à l’état de charpie – là plus que jamais autant – comme lui-même.
Parlant d’alchimie chacun sait que la chose dépend de l’éthique de celui qui manie le touchau. Pour le psychanalyste, l’éthique dépend de l’orientation que lui donne son discours. Discours est à entendre ici non pas comme une adresse publique, mais comme étant la structure qui détermine la place dans le langage de celui qui s’y tient.
Pour le psychanalyste donc l’éthique dépend de l’orientation que la structure du discours dit discours du psychanalyste lui donne en rapport à l’impossible. Impossible qu’il appelle le réel. Alors, pour répondre à la question de savoir à quoi s’attendre de la part du cynique contemporain – pour le dire clairement, de celui qui donc est pris dans le discours dit capitaliste – qui ne l’est puisque c’est un discours sans limite – il suffit de revenir au 12 mai de l’année 1972, à Rome, lorsque Lacan fit la démonstration, jusque là inédite, du fait que le discours capitaliste, précisément, de discours n’en est pas un.
De là, donc, s’attendre à voir surgir une éthique d’un discours qui n’en est pas un quand l’éthique ne se conçoit que du discours qui situe celui qui s’en extrait revient tout bonnement à considérer cette éthique là comme une simple morale améliorée. Pour dire les choses, une morale enflée d’une valeur ajoutée à laquelle s’étiole plus qu’il ne s’étalonne celui qui pense pouvoir s’en arranger. Chacun peut en faire le constat d’y prendre part .
A partir de là, concernant le cynisme, deux dernières remarques.
La première. Nous savons tous que la valeur ajoutée a pour corollaire le ravalement au rang d’objet quiconque s’y frotte. Cela n’empêche, voire même incite, par exemple, pas choisi pour rien cet exemple, à ce que sur la radio France Culture, nombres d’intervenants, comme s’il s’agissait d’un passage obligé – mot de passe…- customisent dans leurs propos le terme de réalité. Ils y ajoutent valeur, en la dénommant Réel. A entendre dans leur bouche avec une majuscule. Comme s’il suffisait d’un enchâssement majusculaire établi en baissant la tête pour toucher à l’impossible – au réel – et s’en attirer d’une façon si économique autant que servile les bonnes grâces !
Ce qui m’amène à la seconde remarque, beaucoup plus rude, qui est que cette imposture est bien entendu ce qui se pratique partout. La chose en soi n’est déjà pas rien, mais on ne doit surtout pas passer à côté de ce qui conditionne cette réalité. Qui est ceci. Le partout dont il est question est le lien, je dis bien est le lien, le lieu du partout est le lien que scelle le discourcommun – à écrire en un mot.
Le discourcommun est celui qui a trouvé son assise lors de l’effondrement du communisme et qui se déploie là OU le capitalisme, depuis la chute du mur de Berlin, aurait vaincu, dit-on. La question à se poser est la suivante, où est ce où où se déploie la structure parlé du vainqueur ? Comme le chantait si joliment Alain Bashung…, Partir, allez où ? Où c’est où ? Où c’est partout où qu’on aille ! Oui, qui ne le sait, la capitalisation communiée de la valeur ajoutée comme discourcommun, l’illusion, est partout, où qu’on aille ! A une époque je nommais cela le Commutalisme, soit, la communauté obligée du capitalisme. Et je ponctuais, tel un oiseau de mauvaise augure, Les murs tombent, mais le fracas de leur chute s’accompagne toujours du redressement de leurs ombres. Plus fortes toujours, encore et encore.
Fin des remarques.
Alors, si dans ce joyeux panorama je ne veux pas moi-même finir par faire figure de cynique d’une nouvelle espèce, ce sont toujours les pires – confer l’Homme joyaux de l’évolution…- je n’ai pour cela qu’à évoquer le malaise de Freud.
Chapitre 2 – Le malaise de Freud : de l’évaluation à la prière
En 1930 Freud fit un malaise d’un nouveau genre. Un malaise d’une gravité absolument inédite. Vous l’aurez compris je parle du centre de gravité de ce malaise qu’il cerna comme personne avant lui dans son livre Malaise dans la culture.
Lire Freud ne peux être que le lire au sens, anagramme, de s’y lier. Ceux qui l’ont fait savent ce qu’il en coûte. Au bas mot c’est une mise au travail, qui se mue en mise aux travaux. Forcés bien sûr et effectivement, pour le coup, il s’agira d’une peine et d’un temps qui extraient le lecteur du temps et du lieu de la comprenoire collective. Au titre de ce que l’inconscient ne se comprend pas. Ni collectivement, ni individuellement.
En évoquant la Vienne du début du XXème siècle et Sigmund Freud le pauvre médecin juif qui y découvrit l’existence de l’inconscient – se référer ici à l’ek-sistence Heideggerien -, je convoque implicitement l’idée de contexte. Je vais essayer de rendre en quelques mots ce que j’ai déjà présenté à ce sujet dans le texte Impressions depuis deux lectures de Sigmund Freud et Ginette Raimbault. Il s’agissait d’y établir des points d’analogies entre celui que tout le monde croit connaître et celle à laquelle seuls les psychanalystes se réfèrent éventuellement. Analogies devant alors permettre de les distinguer absolument l’un de l’autre dans le génie de leur pratique et du rendu qu’ils en ont fait.
Je reviens à cette notion de contexte par le biais de cet écrit car le thème de contexte tel que je l’abordais alors permet me semble-t il de faire un pas de côté par rapport à l’appréhension convenue que l’on en a habituellement. Appréhension qui est, pour dire la chose, d’en faire l’instrument d’un arrangement.
En quelques mots donc voici ce que j’ai pu élaborer alors sur le sujet du contexte dans lequel vient prendre place la parole de Freud dans les années 1900. Contexte dans lequel étant précisément une formulation discutable. En effet, pour être contextualisée sa parole doit s’insérer dans ce que l’on peut appeler « l’historisation ». C’est à dire, être répertoriée à la condition de ne pas faire rupture avec ce que l’on place sous le titre de sciences humaines. Mais elle ne peut y parvenir sans passer auparavant par le sous-titre de la condition éthique. Celle qu’implique le discours dont s’extrait la parole de Freud. A savoir, de supporter que le pont n’existe pas.
C’est à ce titre que de rupture il ne peut pas même être questions. Tout au plus y a-t il des réponses à envisager de ce que, les Freud ou les Raimbault, introduisent au sein du factice le littéral d’une rive autre. En résumé, leur parole est donc bien moins à situer dans un contexte, lien forcé qui n’est jamais que de connivence, voire de connaissance, qu’en référence à un hors texte, jusque là inabordé.
Freud – Extraterrestre, gentilé d’Extraterritorialité, c’est là qu’est situé l’inconscient – au temps et au lieu de la Vienne du début du 20ème siècle, pouvait entre autres hors textes, c’est à dire textes inouïs jusqu’alors, poser que chez aucun individu normal ne manque un élément qu’on peut désigner comme pervers s’ajoutant au but sexuel normal et ce fait seul devrait suffire à nous montrer combien il est peu justifié d’attacher au terme de perversion un caractère de blâme. Mais encore ceci, Il n’y a pas de normes sexuelles , il n’y a que des normes sociales.
Ce genre de constats de prime abord inaudibles – et jusqu’à Freud insupportés – désignent combien Freud, sans barguignage, était à la hauteur de ce qu’implique le premier effet de toute découverte. Il l’était concernant la sienne en ceci qu’il pouvait supporter le vif de ses arêtes, dussent leurs tranchants se retourner contre lui.
Ces phrases de Freud, puisque extraites, sont hors le contexte de leur hors texte. C’est à dire hors le corpus où elles s’inscrivent, ce qui nous prive des effets les plus lumineux de leurs miroitements. Malgré cela c’est par là que j’ai été amené à considérer ce qui fait ici l’un des points de la communauté que j’ai souhaité relever entre Sigmund Freud et Ginette Raimbault. A savoir que la phrase théorique est une fleur qui ne peux pousser et s’épanouir que sur le terreau parfois aride de la pratique. S’y référer par ailleurs n’est que de l’ordre du prétexte là où se joui la contrebande officielle que devient dans ce cas la ligne du parti, à savoir le contexte.
Bien. Voilà en substance ce que, à propos du contexte dans lequel la parole de Freud venait à pouvoir être considérée, je posais alors. C’est dire si aujourd’hui, au regard du temps qui nous sépare de cette inscription et du contexte historique actuel pour le moins tout aussi contraignant bien que radicalement autre, la tâche est ardue de rapporter ici le malaise qu’il nous dévoila. Ardue mais évidente d’orientation puisqu’il n’y a pour ce faire qu’une seule voie et que cette voie est celle que nous allons suivre. De considérer, comme lui, que son malaise est le notre. Entendez bien cela, un malaise toujours hors le texte de la norme que pourtant il promeut – la norme c’est le contexte – un malaise toujours hors le texte de la norme que pourtant il promeut donc, sans pour autant lui-même, ce malaise, être indéchiffrable. Ça c’est la traduction de pas de norme sexuelle, que des normes sociales.
Nous l’avons déjà situé quelque part ce malaise. De la théorie et de la pratique. Ce qui ne veux pas dire entre ces deux lignes. Ces deux lignes qui sont celles repérées pour Machiavel à l’endroit où comme je l’ai dit l’adjectif qui découle de son œuvre, le machiavélisme, ne fait lien entre elles que d’être absent et de l’une et de l’autre. Pour Freud c’est autre chose. Sa théorie est en mouvement du fait que sa pratique n’est pas arrêtée, pas de recette. La pratique du psychanalyste ne peut être arrêtée car elle est liée à la vérité du sujet en analyse, de l’analysant. Laquelle vérité est postée sur le mouvement du langage.
C’est ce qui fait que l’on n’en saisit jamais qu’un bout. Et en réalité il faut bien le dire, c’est lui qui vous saisit. Entre les deux et de l’un à l’autre il peut y avoir le mouvement de la recherche. Pas étonnant alors que Lacan ait pris la relève et s’escrimât sa vie durant sur le mouvement de la recherche au niveau de celui du langage.
J’en reviens maintenant à notre rapport à Freud lorsque je disais qu’il s’agit de considérer que son malaise est le notre. Pour toucher à cela nous allons avancer pas à pas en commençant par lier deux commencements l’un à l’autre.
Le premier de ces deux commencements est l’un des actes fondateurs de la psychanalyse. Lorsque la Baronne Moser, alias Emmy von N, patiente de Freud, lui demanda, lors d’une séance, de se taire, de la laisser parler sans l’interrompre et qu’il obtempéra. Silence. Il se tu. Elle parla. Il entendit. La psychanalyste Michelle Moreau Ricaud, interviewée parmi 21 autres de ses collègues dans le livre Silences, rapporte cela d’une façon sublime en décrivant ainsi le constat de Freud, En posant des questions il n’obtenait que des réponses… Silence.
Le deuxième commencement est celui qui nous permet d’entrer directement dans l’œuvre qui nous intéresse puisqu’il s’agit de la première phrase de Malaise dans la culture. On ne peut se défendre de l’impression que les hommes se trompent généralement dans leurs évaluations. Passée la pondération courtoise du généralement, on peut se demander de quelle glèbe s’extrait cette sentence. Une chose est certaine, c‘est que si c’était celle du cynisme Freud n’aurait pas passé sa vie à essayer d’en sortir ses patients.
Que les hommes se trompent et que cela fasse pour Freud son prime point d’appui laisse augurer qu’entre cette marque délétère qui détermine leurs choix et l’indice qui devrait au contraire leur permettre de se repérer, il y a un différentiel correspondant à une parole déficiente. Soit d’être non dite, ou bien déplacée, ou d’autres cas de figures encore, mais qui, toujours, confinent aux silences qui marquent cette mal adresse.
Deux commencements et du silence, et des silences, au départ ou bien à l’arrivée, ou bien aux deux, du silence structurel, du nécessaire, du mortifère où pire encore, le silence partout tu de s’être éteint par la parole, en elle. C’est là la langue mortelle de Lhommalaise.
Si concernant Machiavel son estimation des Hommes, il sont méchants, ressort du bruit et de la fureur, celle de Freud surgit des silences que nécessitent la découverte de l’inconscient et de ceux que celui-ci imposent. Le malaise demeure, le malaise est à demeure de ce que la parole ne puisse le recouvrir.
Les hommes se trompent dans leurs évaluations… donc ! Piquant n’est-ce pas de voir comme nous avons déjà commencé à l’évoquer plus haut à propos de la certification, que nous en sommes aujourd’hui arrivés à évaluer que l’évaluation est l’indice de la fiabilisation et de la résolution annoncée des rapports humains. Cela alors que s’il est une chose qui se confirme inlassablement c’est bien que l’évaluation, le cadrage ainsi abordé du rapport, est la marque du malaise. Sans doute est-ce ainsi qu’il fallait entendre la phrase de Freud pour indice de ce qui allait suivre dans son livre mais également se poursuivre jusqu’à nous.
Parlant de cadre, c’est une juriste, Lauréline Fontaine, qui m’a fait remarquer que dans les écoles primaires, en terme de dénomination des examens, nous sommes passés en trois générations de la composition à l’évaluation. En effet. La composition, à entendre comme celle évoquée par un musicien qui commentait un morceau de jazz en disant que c’était une très belle composition. La composition donc était le rendu qu’un élève, un sujet, proposait depuis les objets scolaires qu’on avait mis à sa disposition. La composition est ensuite devenue le contrôle. A ce niveau, le professeur a perdu son statut de chef d’orchestre et est devenu un contrôleur. Il a troqué sa jaquette pour une casquette et la circulation qu’il régit maintenant est celle qui mène aux péages des autoroutes de la connaissance.
A propos d’autoroutes, je rappelle que le Y’a pas d’soucis actuel succède au Y’a pas d’malaise qui en sous-main fait office de ticket d’entrée sur les voies sans issue de la communication. Être tous liés les uns aux autres par l’accessibilité la plus immédiate, supportant la parole la plus univoque qui soit de tourner autour d’un seul axe, l’effacement du sujet du langage. Ça, il ne faut pas s’y tromper c’est le vœu le plus palpable, le plus commun, le plus communautaire de tout un chacun.
C’est ce qui découle du passage du contrôle à l’évaluation. Dorénavant les normes sont les sujets et ceux qui s’y calibrent, dés la maternelle, sont devenus des objets. Permutation des termes pour avènement du commutalisme. Oui, ce cher commutalisme où la production rêvée d’objets de production. Rêvée d’être sans partage, puisque généralisée.
Pour exemple, après au bas mot 9 années de sélections d’une incroyable rigueur, le dernier examen des étudiants en médecine, l’un des fins du fin de la pratique universitaire, est sanctionné par…un QCM ! Des croix dans des cases. Y’a pas d’malaise … Si les mandarins de Chine suivaient une voie ultra sélective avant d’endosser leur fonction, ils se référaient aux principes taoïstes et notamment à celui de suivre la voie – v o i e – là où celle-ci désigne que le ton et la voix – v o i x – qui le supporte s’accordent mutuellement. Taoïsme donc, là où le ton et la voix s’accordent.
Mettons que dans nos contrées les mandarins du futur suivent désormais une version du vide et du plein sauce mutique. Univox sans principe autre que de ne rien supporter des effets de cette parole qui coule dans les veines du corps qu’ils cochent. Ils le cochent à travers les molécules et les formules qu’ils manipulent. C’est ainsi qu’ils ordonnancent, dans un silence au sein duquel gît ce qu’ils ne peuvent entendre, l’écho de désir qui l’anime ce corps. Le leur compris.
A ce niveau c’est sans contester l’évidence que Jean Clavreul, médecin et psychanalyste, énonce à la première page de son livre L’ordre médical – quel titre merveilleux ! – que Personne ne saurait au fond opposer quelque objection que ce soit quand on sait qu’un traitement anodin peut venir à bout d’une infirmité ou qu’une intervention techniquement complexe peut sauver une vie perdue. Et de là, conclusion de son ouverture, On ne déroge pas à une obligation qui est constituée par un savoir assuré.
Il ne conteste pas l’évidence mais c’est pour mieux labourer du soc de sa formation de médecin et de sa pratique de psychanalyste, pour mieux ciseler tout du long de son son ouvrage le champ que l’évidence ne recouvre pas. Reportons-nous à la quatrième de couverture de son livre pour le voir nous en présenter le différentiel, pour le voir nous présenter, comme dit lors de la première émission de Lhommalaise, l’évidement de l’évidence et l’entendre nous livrer le nom de cette différence.
La médecine est fascinée par son efficacité sur ce qu’elle constitue comme son objet : la maladie. Elle n’est pas moins fascinante par son efficience sur ce qu’elle destitue: l’homme comme sujet du désir. Vestale du désir insatisfait l’hystérique n’a cessé de provoquer le médecin jusque dans ses temples, de l’Asclépiade de Cos à l’hôpital de la Salpêtrière. C’est de l’échec du savoir médical ainsi constaté, que Freud a tiré la leçon: on ne fait pas la loi au désir, c’est le désir qui est la loi.
Oui Freud était bon élève. Il entendait de loin et à le suivre dans le rendu de son écoute on avance avec lui au rythme des leviers successifs qu’il découvre et qu’il met à notre disposition. Il le fait grâce à un positionnement qu’il soutient alors qu’il est dans le dénuement le plus total face à ce qu’il met à jour. Je traduis la chose par cette formule qui ne s’applique finalement que dans de très rares circonstances, l’intelligence est un courage dont on n’a pas le choix.
Cheminant avec Freud nous sommes partis de l’Homme qui, dixit, se trompe généralement dans ses évaluations, pour en arriver maintenant à la deuxième proposition du jour extraite de Malaise dans la culture. Une réflexion qui pourrait n’être qu’amère et désabusée si, comme toujours avec lui, elle ne proposait rebond. Elle fera office de conclusion à notre parcours du jour.
Je vais introduire cette deuxième réflexion de Freud via une figure particulière qui est celle de son style. Style qui fait habituellement l’objet de développements beaucoup plus poussés de la part des commentateurs de Freud concernant le style de sa ligne de réflexion et celui de son rendu épistolaire qui saisissent par leur limpidité. L’un comme l’autre d’apparences légères et de prime abord accessible, mais qui, comme Prévert le disait à propos du poète Antoine Tudal, manifestent que, Il a sa langue à lui – ce qui ne court pas les rues – elle est – si on sait lire – d’une trop étrange simplicité. Pour ne pas dire piégeuse.
A accepter de lire Freud là où, comme dit précédemment, lire est anagramme de lier, on est tiré par un lest de plus en plus avéré qui nous entraîne vers des réflexions de plus en plus ouvertes. Ce lest est constitué d’un socle de repérages qui paraissent peu ou prou très familiers, que l’on s’y accorde ou pas, mais qui se dévoilent au fond radicalement impensés jusqu’alors. L’ouverture, elle, se révèle être un abyme. Espace finalement aussi accueillant que malaisé à habiter et l’on ne peut alors que ressentir la plus grande déférence envers celui qui le premier l’aura investi pour tenter de nous en transmettre les coordonnées dans leur insaisissable.
Pour autant, nous le savons, parlant de psychanalyse où d’autres pratiques, les savoirs faire se dissolvent plus souvent qu’à leur tour dans le corpus censé soutenir le mode de leur transmission. Alors, pour prévenir l’évanouissement de la pratique au creux des divers courants qui la supportent s’agirait-il de distinguer aussi abruptement que promptement la fleur de sel faisant étoile à la furie de ce ressac. Et vous l’aurez deviné, cette étoile est le style, puisque le style c’est ce qui reste quand tout commence.
Ceci étant dit, venons en à la deuxième assertion extraite de Malaise dans la culture que je souhaite relever aujourd’hui. Elle est placée au tout début du deuxième chapitre.
Dans mon livre L’avenir d’une illusion, il s’agissait pour moi beaucoup moins des sources les plus profondes du sentiment religieux, que de ce que conçoit l’homme ordinaire quand il parle de sa religion et de ce système de doctrines et de promesses prétendant, d’une part, éclairer toutes les énigmes de ce monde avec une plénitude enviable, et l’assurer d’autre part qu’une Providence pleine de sollicitude veille sur sa vie et, dans une existence future, s’appliquera à le dédommager des privations subies ici-bas. Cette providence, l’homme simple ne peut se la représenter autrement que sous la figure d’un père grandiosement magnifié. Seul un tel père peut connaître les besoins de l’enfant humain, se laisser fléchir par ses prières ou adoucir par son repentir. Tout cela est évidemment si infantile, si éloigné de la réalité, que, pour tout ami sincère de l’humanité, il devient douloureux de penser que jamais la grande majorité des mortels ne pourra s’élever au-dessus de cette conception de l’existence.
Pour tout dire, c’est la conclusion de ce passage et plus précisément son ton qui dés la première lecture m’avait retenu. Un ton qui remet les choses à leur place, les choses les plus fixées, à savoir les pratiques et les motivations de la croyance religieuse la plus quotidienne. A entendre celle du quotidien en apparence le moins religieux. (Remettre les choses à leur place) sans qu’il ait fallu pour l’auteur de ce constat s’appuyer sur les termes outrés et les idées restreintes dont il est habituellement fait usage pour cela. Un ton qui semble coller à la chose et en amortir les saillies les plus douloureuses.
Pour ceux dont il est question, ceux qui sont ramenés aux illusions de l’enfance, il me semble que le plus difficile à entendre ne soit pas directement cela mais bien plutôt qu’ils n’aient pas d’espoir à s’élever de leur condition et ce du fait qu’ils aient choisi de s’en contenter. Ce qui revient à dire que le plus difficile à entendre n’est pas pour eux, qui ne veulent rien entendre, passion de l’ignorance, mais pour ceux qui y ont à faire.
Voyez, comme je le disais, amortir les saillies mais certainement pas les polir ni en ravauder les effets puisque pour ce qui est des effets il n’y a qu’à se pencher pour les observer, tous plus dégradants les uns que les autres. Par exemple, ramener l’Homme à l’enfant c’est tout de même poser sur la table ceci, déjà traité dans le chapitre 1, que tout lui est permis. Surtout à considérer, qui ne le sait parmi ceux qui les fréquentent, les enfants, au quotidien, que ce tout est permis est orienté vers le registre du pire dans le rapport à son prochain. Savonarole, Pol Pot l’ont mis en œuvre et tous les pousses-au-combat actuels le savent. Le pire !
Du pire au Père – qui sont les deux faces d’une même médaille consacrée – Lacan a formulé comme touche finale de son intervention Télévision qu’il y avait pourtant un espace à investir, prestement. Là encore, le pari de la psychanalyse.
Bref, ce Père dont parle Freud, est celui qui est censé pourvoir, compenser, et tout autres comblements du même genre, c’est à dire, quoi qu’il en soit, d’une façon ou d’une autre…il est censé répondre. Ce qui implique avant tout la supposition de sa présence. Un su posé pour acquis en quelques sorte, comme se dirait en terme de finance, une mise engagée avec retour garanti sur investissement.
Ce à quoi fait écho dans l’analyse ce qui se joue, ou plus exactement ce qui se trame à partir de la notion de sujet supposé savoir. Une trame tissée sur le métier que pratique chaque analyste.
A cette supposition de savoir qu’on lui impute, le psychanalyste oppose une fin de non décevoir par le biais d’un certain silence. Silence qui n’a de certain que de supporter le temps de l’incertitude. A partir de quoi une chose est sûre, c’est que si l’analyste est bien situé dans ce silence, celui-ci n’alimentera pas la prière en retour.
Car enfin, au psychanalyste, la seule prière qu’on lui adresse et qu’il doit pouvoir soutenir, c’est de faire silence pour que l’analysant puisse enfin en supporter l’écho.
Un écho dont sa parole, hors l’ailleurs de la séance, pourra parfois rendre le style.
Puisque le style c’est ce qui reste quand tout commence.
Alors, ami auditeur,
Si tout n’est que poussière,
As-tu songé à y inscrire ton nom ?
Rendez-vous est donné dans quelques semaines pour la troisième émission de L’Hommalaise.
Il y sera présentée la suite de l’interprétation du livre de Sigmund Freud Malaise dans la culture.
Vous pouvez retrouver l’intervention d’aujourd’hui en podcast sur le site de la radio RDWA – R-D-W-A.FR, ainsi que, accompagnée de sa version écrite téléchargeable, sur le site de Jean-Thibaut Fouletier, tybolt.fr, T-Y-B-O-L-T.FR
Nous vous laissons maintenant avec le duo constitué de Brigitte Fontaine et de Areski qui nous interprètent une chanson extraite de l’album Bonheur tiré de l’année 1975, c’était il y a 46 ans, Les étoiles et les cochons.
Jean-Thibaut Fouletier, Die, le 18/11/2021
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