Palettes
PALETTES
La psychanalyse, la peinture, le Taï Chi Chuan sont des pratiques qui pour désorientantes qu’elles soient ni n’opèrent ni ne se transmettent sans coordonnées précises.
Il n’y manque rien, ce rien étant très précisément celui qui est pris dans le compte du m’anque.
M’anque pour que par le pronominal s’y saisisse autant
le réciproque,
– c’est à dire l’état d’incomplétude faisant point commun entre le sujet et le manque en tant qu’entités distinctes,
que
le réfléchi,
– c’est à dire le sujet qui est alors en même temps objet de son action.
A cette différence d’avec le réciproque et le réfléchi du « Je me lave », qui ne doit pour cela pas manquer d’eau, que le m’anque , lui , ne doit pas manquer de Rien.
Il s’agit donc, pour que son compte soit bon, d’opérer à partir de l’incomplétude apparente – à saisir en réalité comme interstitiel incompressible et nécessaire – rien, représentation de l’objet dont se fondent puis se repèrent son et sa dynamique.
Ainsi, « Travaillez, prenez de la peine, c’est le m’anque qui manque le moins », pour s’éprouver à l’espace de la désorientation coordonnée accroché par l’apostrophe.
C’est à devoir emballer mes outils de peintures et par là à faire le constat de ces bouts de cartons que sont les palettes de mes tableaux, que m’est venu le sujet qui se développe ici.
Quand la psychanalyse traque ce qui détraque dans la motulation pour accéder aux nouages et coinçages qui s’en désignent, le Taï Chi Chuan y opère par tranfilage de l’en-tresse-soi.
Pour ces deux-là, l’espace de la boiterie, du bancroche et de l’anicroche aura à faire à la conquête de la m’arche à suivre.
Pour ce qui est de la peinture, le tableau fait sans cesse témoignage de ce qu’il s’organise autour du point de cécité permettant à l’œil de le redistribuer au regard qu’il – le tableau – devient alors.
L’Ambassade est entendue, confer Holbein.
La palette, elle, si elle témoigne, c’est de bien autre chose. Et encore, à condition. Sans doute de l’ordre de ceci, tout simplement, que le vis-à-vis qu’elle est vit-sa-vie. Autrement dit, elle prête serment de détachement.
A qui le lui rendra, mais,le plus souvent, sans s’en rendre compte. «Manque» certain d’intérêt qui, pour le coup, œuvre – politique d’une économie subjective -à la suffisance.
L’embrassade est entendue, confer l’insuffisance du mâché de l’art, artistique, psychanalytique ou bien encore martial.
Tandis qu’elle, la palette, l’insufuyante, fait reste, à disposition de qui, par contre,aura su y prêter attention.
Non sans en percevoir intérêts qui alors, en juste retour, ne m’anqueront pas.
Jean-Thibaut Fouletier
Paris, le 21/12/2020
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