« Faut qu’on ! » et le Héron
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Dans le film « Le faucon maltais », réalisé en 1941 par John Huston, la statuette que tous se disputent tout du long de l’histoire est faite des leurres et illusions à travers lesquels les Hommes déterminent leurs existences.
Le 7 mai 2016, aux alentours de 12H50, j’ai allumé la radio et les premiers mots entendus furent ceux-ci, de Michel Onfray : « ...le pouvoir n’existe que parce qu’on y consent, n’y consentez plus et il n’y en aura plus... ».
Parole de « Faut qu’on…! », sur France Culture…! Vous imaginez ?! Comment est-ce possible ? Bon, soyons honnête, je fais semblant de m’en étonner. C’est en réalité tout à fait rassurant, vous savez, ces points d’appuis quasiment uniques mais indéfectibles, qui vous orientent à coup sûr à travers le champ de foire des possibles. Il y en a quelques uns comme cela.
Si vous êtes motard par exemple et que vous aimez la vie, triplez votre attention au moment de doubler un conducteur de BX, oui oui, il y en a encore (portrait robot : casquette, protection siège en boulettes de bois et housse sur le volant, toujours..! ).
Si vous avez pour collègue Marc-Olivier H et que vous voulez être efficace dans vos stratégies professionnelles, ou que, plus prosaïquement, vous souhaitez tirer votre épingle du jeu en sa présence débilitante, choisissez systématiquement, prestement et les yeux fermés la solution opposée à celle qu’il propose.
Enfin, pour ce qui nous intéresse aujourd’hui, et plus précisément pour ce qui m’intéresse, lorsque j’allume la radio et que je tombe sur Michel Onfray, j’ai la certitude d’entendre une perle dans la minute, voire dans la seconde qui suit.
Un vrai miracle à chaque fois renouvelé, la marque des grands, de ceux qui avancent nimbés, imbibés de vérité. Oui, c’est cela Michel Onfray, la statuette révélée himself, le » faut qu’on maltais » ou « Le vrai con caennais ».
Si le faucon n’est pas un épervier notre « Faut qu’on! » tient, lui, de l’éperv(i)er. Il laisse apparaître son trait au fil duquel l’impossible se résout, ici en l’habillant d’un miroir aux alouettes.
Posture à laquelle s’oppose, tout naturellement, le vol du héron.
Le vol du héron
Il y a plusieurs mois de cela, je me suis levé au milieu de la nuit pour boire un verre. Debout devant la fenêtre de la cuisine, par une nuit d’été sans romantisme ni sortilège.
Durant mon geste, le temps de quelques battements d’ailes de sa part, et d’aucun clignement d’yeux de la mienne, un héron traversa le ciel.
Présence instantanée et évidente dont l’évocation en ces circonstances particulières provoque chez l’interlocuteur la grande réaction séculaire du doute, suivi de près par son adjuvant favori, l’incrédulité.
Ce qui n’est pas surprenant, car contrairement à la moindre parole confite des certitudes résolvantes de notre « Faut qu’on…! royal« ,
Le bec du héron
Ne suture pas le Ciel,
A sa mesure et en silence,
Il en suit l’estafilade.
JTF, Paris, octobre 2016
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